La purge anti-sunnite se poursuit à une cadence soutenue. A l'heure du désengagement américain du bourbier que l'administration Bush a pleinement et totalement provoqué, le mythe du « nouvel Irak » s'effondre. L'urne de la légitimité démocratique, présentée en alibi d'une occupation désastreuse, n'a pas contribué à esquisser les prémices de la reconstruction nationale minée par le conflit confessionnel en latence et la querelle des frères ennemis de la mouvance chiite incapable de dépasser les divergences en matière d'alternance et de respect du scrutin. Le bras de fer entre le vainqueur des consultations du 7 mars, Iyad el Allaoui, et l'ancien Premier ministre, contestant la victoire électorale, instaure un vide institutionnel de nature à aggraver la crise politique et le cycle de déstabilisation. La situation de blocage a incité le président Jalal Talabani à déclarer l'urgence d'un gouvernement. Mais, cette crise de légitimité se conforte par la campagne de débaâsification aux conséquences ravageuses sur les perspectives de réconciliation nationale. Aux termes des consultations, la chasse aux sorcières prend de l'ampleur avec l'invalidation de 52 candidats qui s'ajoutent aux 500 autres cas précédemment recensés. La purge anti-sunnite se poursuit à une cadence soutenue. Elle porte les germes d'un approfondissement des clivages confessionnels et, à terme, de remise en cause de la contribution jugée efficace des « surge » dans la lutte contre El Qaïda. Plus que jamais, le défi terroriste se présente en menace sérieuse. Le risque d'embrasement généralisé prend aujourd'hui la forme d'une «guerre ouverte», comme le proclame le porte-parole du commandement militaire irakien, le général Qassem Atta attentif à la multiplication des attaques qui depuis août 2009, ont fait 400 victimes. Le changement tactique, usant désormais des HBIED (maisons piégées avec des explosifs) en remplacement des IED (engins artisanaux) et des VBIED (voitures piégées), prône ouvertement l'option du chaos généralisé ciblant tout aussi bien les victimes civiles que les symboles des institutions nationales et des représentations diplomatiques étrangères. Pour le porte-parole militaire américain, le général Steve Lanza, « la menace terroriste qui existe dans ce pays continuera. L'un des moyens d'action consiste à détruire les immeubles pour provoquer d'importants dégâts et de nombreuses victimes. L'objectif est d'attiser la violence confessionnelle, mais ils n'ont pas réussi pour le moment. » L'enfer irakien bouillonne d'incertitudes. A quand la fin du cauchemar et l'espoir d'une réconciliation ?