Mêmes plans pour résultats médiocres. Le président américain n'a rien inventé se contentant de s'adosser sur l'armée. Le président américain, George W.Bush a présenté pompeusement, mercredi soir, un «nouveau» plan, ou stratégie pour l'Irak, qui n'en est pas un en vérité, comptant une fois de plus sur la force militaire et le renforcement des contingents américains en Irak pour espérer sortir d'un guêpier créé de toute pièce par son administration où elle se trouve aujourd'hui embourbée. M.Bush a cogité durant des semaines, tenant en haleine l'opinion publique américaine et internationale pour, finalement accoucher d'une stratégie dont l'essentiel repose encore et toujours sur la force armée alors que le problème est de toute évidence ailleurs. Ce «nouveau» plan ‘'bushéen'', en fait, le huitième du genre, concocté par l'administration républicaine depuis l'invasion de l'Irak en mars 2003, bien évidemment sans succès, ne semble pas devoir mieux réussir que les précédents. Dans sa déclaration de mercredi, le président Bush, reconnaissant en filigrane que les objectifs assignés à l'intervention en Irak n'ont pas été atteints, a affirmé que «la situation en Irak est inacceptable pour les Américains et elle est inacceptable pour moi. Nos soldats ont combattu courageusement en Irak (...) J'assume la responsabilité des erreurs qui ont été commises». Certes! Mais, le fait est là: aujourd'hui l'impasse en Irak est telle qu'il ne suffit plus d'envoyer de nouvelles troupes -au cas bien sûr où l'opposition démocrate, majoritaire au Congrès, acceptant les arguments de George W.Bush, vote l'élargissement de la force américaine en Irak- mais d'agir intelligemment, pour sortir du bourbier que les Américains se sont créés eux-mêmes en attaquant et en occupant le pays de l'Euphrate et du Tigre. M.Bush a encore dit, dramatisant la situation irakienne qu'«un désengagement (américain en Irak) aujourd'hui provoquerait l'effondrement du gouvernement irakien, déchirerait ce pays et déclencherait un massacre d'une dimension inimaginable». Fallait-il penser à cette éventualité (effondrement de l'Etat irakien) avant de s'engager dans une aventure dont on ne voit pas comment les Américains vont en trouver l'issue. «Massacre d'une dimension inimaginable», M.Bush était sans doute loin d'envisager un tel engrenage de la violence lorsque, sur le porte-avion qui le ramenait aux Etats-Unis, un 1er mai 2003, il annonçait, triomphalement, au large des côtes de la Californie, «la fin de la guerre» en Irak. Depuis on sait ce qu'il en a été, notamment le fait que les stratèges américains ont fait tout faux dans leurs calculs de faire mainmise sur l'Irak sans coup férir. M.Bush, maintenant plus prudent dans ses déclarations a aussi indiqué que: «Même si notre nouvelle stratégie fonctionne exactement comme prévu, des actes de violence meurtriers vont continuer et nous devons nous attendre à plus de victimes irakiennes et américaines» soulignant «l'année qui s'ouvre va demander plus de patience (et) de sacrifice» et de préciser «la plus urgente des priorités pour réussir en Irak est la sécurité, en particulier à Baghdad» Une manière comme une autre, pour M.Bush, de reconnaître que les Etats-Unis ont échoué à pacifier l'Irak et que la guerre contre Saddam Hussein a, en réalité, ouvert une boîte de Pandore dont les Républicains ne savent plus comment et avec quoi la refermer. En pratique, le président américain prévoit l'envoi en Irak d'un nouveau contingent de 21.500 soldats qui viendront renforcer les 132.000 GI's déjà sur place. Ce nouveau plan, le huitième -qui souligne l'inflation de stratégies, plus ou moins gigognes, qui n'ont pas, jusqu'ici, donné satisfaction- risque en fait de connaître le même sort que les précédents tant du fait que les renforts sont estimés trop faibles pour réellement constituer un apport probant à même de permettre de venir à bout des problèmes sécuritaires qui gangrènent l'Irak, et vient trop tard du fait que l'administration Bush a trop tergiversé pour rectifier le tir. Mais au total, le problème irakien avant d'être sécuritaire -même si la violence reste un paramètre qui paralyse toute action vers un mieux- être pour le pays -est d'abord politique, vecteur sur lequel le président Bush est resté silencieux. Mais le chef de la Maison-Blanche met aussi en garde les responsables irakiens en avertissant: «J'ai dit clairement au Premier ministre et autres responsables irakiens que l'engagement américain n'était pas illimité. Si le gouvernement irakien ne remplit pas ses promesses (de mettre fin aux violences), il perdra le soutien du peuple américain et du peuple irakien», leur donnant jusqu'au mois de novembre de l'année en cours pour résoudre le problème sécuritaire. Question: comment un pouvoir barricadé depuis des mois dans les bureaux du quartier supersécurisé de la «Zone verte» (où se trouvent également les ambassades américaine et britannique) peut-il venir à bout en quelques mois d'une violence qu'il n'a pu éradiquer près de quatre ans, quand plusieurs pays de la coalition, y compris son principal allié britannique, ont annoncé leur intention de retirer d'importants effectifs d'ici au mois de juin et alors que les forces sécuritaires irakiennes ne sont ni prêtes, ni équipées pour faire front à la violence qui ensanglante l'Irak? Dilemme!!!