Le tissage algérien recèle une certaine richesse de styles dont la patine des temps n'altère en rien la beauté. Cet art ancien s'est sans cesse enrichi d'autres civilisations et peuples du monde entier. Ainsi, on retrouve des signes et des styles unis dans une expression commune. C'est du moins ce que l'on observe dans cette exposition des tissages algériens de 14 wilayas de l'Algérie présentes au Palais de la culture depuis le 27 avril et jusqu'au 5 mai 2010. Il s'agit des wilayas d'Alger, Tizi Ouzou, Naâma, Laghouat, Tlemcen, Mascara, Ouargla, Bordj Bou Arreridj, M'sila, Oum Bouaghi, Ghardaïa, Médéa, Batna et Jijel. Ici, des styles et des formes affinés, témoins d'une expression authentique, l'art dans toute sa splendeur. L'âme de tous les peuples présents et passés nourrit de ses notes colorées, les tissages qui ont su résister grâce au génie des artisans qui ont su préserver les bases particulières. A l'intérieur de la salle d'exposition, un grand stand est réservé à une collection de céramique, tissage, fresques et même, documents appartenant au palais de la culture. Pour sa part, Mme Nadjet Saouli, responsable du stand de Touggourt (Ouargla), nous explique que la particularité du tissage dans cette région se fait à base de laine. De son côté, M'barka Reguig, responsable du stand de Mascara qui n'a cessé de tarir d'éloges pour le produit phare de cette région, à savoir « zerbiet el kalaâ », le tapis de la kalaâ, dont le tissage se fait à l'état naturel. C'est-à-dire, qu'il est conçu sur des pigments naturels, sans couleurs nuancées. Par ailleurs, Taïbi Khaldia, responsable de l'association Assala de la wilaya de Naâma, fera remarquer que la caractéristique de leur tissage, se fait à partir du nœud. Le stand de Ghardaïa a choisi de présenter une exposition de tapis pour partager la culture du textile, du motif et du symbole, à travers un acte créateur ancestral. Cette écriture particulière des signes est truffée de messages. Le travail de tissage est un travail de création et d'héritage de père en fils, de génération en génération, souligne Rabeh, responsable de ce stand. Quant au tissage de Tlemcen qui exprime une philosophie de la vie, des coutumes et des croyances religieuses et magiques est donc aussi l'image de l'univers de la tisseuse, de ses pensées les plus intimes, de ses émotions, de sa fantaisie et de son langage visuel d'artiste. Ce tapis apparaît alors comme une sorte de témoins contre l'oubli et l'usure du temps. Le tapis de la région de Kabylie est de très grande dimension. Avec une décoration symétrique, très complexe, ce tapis comporte des motifs berbères ancestraux, tout en gardant une certaine harmonie de proportions, nous dira Ferroudja Chafa, responsable du stand de Tizi Ouzou, qui ajoutera en outre, que les signes et les motifs différent d'une région à l'autre. Ce sont ces mêmes symboles que nous retrouvons également dans la décoration des poteries berbères ainsi que dans les tatouages. Le tissage kabyle semble préférer l'abondance des couleurs vives sur toute la surface du tapis. D'une contrée à l'autre, le tissage algérien change, de qualité de laine aux différents colorants. Seulement, il est aujourd'hui menacé de déperdition. Il est donc clair que cet art doit être protégé. A ce sujet, Mme Mehadjia Bouchentouf, directrice du Palais de la culture tient à souligner « Le signe a toujours été un élément culturel fondamental, il est surtout un vecteur important de communication et un révélateur de l'identité culturelle et sociale ».