Le premier exemple d'utilisation du rêve dans la société musulmane concerne le célèbre juriste Abû al-H'asân al-Ash‘arî (IXe siècle) qui a été, dans sa jeunesse, mu‘tazilite. Il soutenait notamment la thèse selon laquelle le Coran est une œuvre créée par le Prophète Mohammed. C'est à la suite de trois rêves qu'al-Ash‘arî a renié les doctrines du mu‘tazilisme et s'est converti à l'orthodoxie. Dans ces trois rêves, le Prophète (Qsssl) lui est apparu et l'a exhorté à abandonner ses croyances. «Après le deuxième rêve, al-Ash‘arî fut envahi par le chagrin et la tristesse. Il se décida à abandonner le kalâm (la théologie) et s'adonna au hadith et à la lecture du Coran. C'était donc déjà la rupture avec ses maîtres. Pendant la nuit du 27e jour du ramadan, appelée Nuit de la destinée (Laylat al-qadr), c'était la coutume à Basra que les lecteurs du Coran se réunissent avec les gens de la science pour lire le Livre d'un bout à l'autre. Al-Ash‘arî avait l'habitude de se joindre à eux. Or, cette nuit-là, il fut pris d'une invincible envie de dormir. Il dut rentrer chez lui et s'endormit. Il vit le prophète Mohammed (Qsssl) en songe qui lui demanda ce qui l'avait empêché d'exécuter son ordre. Al-Ash‘arî lui répondit : «Voilà que j'ai abandonné la théologie (kalâm) et que je me suis attaché au Livre de Dieu et à ta sunna.» L'Envoyé de Dieu lui dit : «Je ne t'avais pas ordonné d'abandonner la théologie. Je ne t'ai ordonné que de faire triompher les doctrines qui sont rapportées de moi, car elles sont la vérité.»