On rapporte qu'Al-H'asân, le petit-fils du Prophète, rêva qu'il portait, écrite entre les yeux, la sourate Al-Ikhlas'. Il envoya demander au célèbre interprète des rêves Ibn al-Mus'ayab la signification de ce songe. «Si ton rêve est véridique, répondit l'interprète, tu mourras bientôt.» Ibn ‘Abbas rapporte : «J'étais assis près du tombeau de l'Envoyé de Dieu ; mes yeux se fermaient malgré moi, je m'endormis et je vis en songe l'Envoyé de Dieu, portant une belle parure et un très beau costume, ayant avec lui Abû Bakr et ‘Umar, parés eux aussi. Je dis alors : ‘'Que le salut soit sur toi, Envoyé de Dieu, et sur vous aussi, qui êtes ses compagnons et ses successeurs !» Ils me rendirent le salut, et je demandai : «Où vas-tu, ô Envoyé de Dieu ?» Il me répondit : «Auprès de ‘Uthmân car c'est la nuit de ses noces et nous y sommes invités.» Je m'éveillai alors effrayé et réfléchis à l'interprétation de ce rêve. Et ce fut cette nuit-là précisément que ‘Uthmân fut tué. On trouve aussi, dans l'oniromancie musulmane, de nombreux récits de rêves, faits par des souverains. On connaît le rêve d'al-Ma'mun, le calife abbasside, qui a vu le philosophe grec Aristote. Il s'est entretenu avec lui, en arabe, puis Aristote lui a demande de traduire ses livres. Selon la tradition, c'est ce rêve qui aurait poussé al-Ma'mun et les autres califes abbassides à envoyer des missionnaires en territoire byzantin pour recueillir des manuscrits grecs et les faire traduire en arabe. C'est aussi le début de l'essor scientifique du monde musulman.