InfoSoir : Pourquoi une telle campagne contre le tabac ? Le Dr Y. Terkmane : La lutte antitabac est absolument nécessaire si on veut effectivement agir sur le nombre important de cancers. Nous avons inscrit, depuis la création d'El-Badr, la lutte antitabac comme un axe majeur des activités à travers des conférences-débats dans les écoles, auprès des jeunes à l'occasion de regroupements sportifs et auprès de la population en général et ce, en étroite collaboration avec les médias qui nous ont beaucoup aidés. D'ailleurs, les études ont démontré que rien que par le dialogue, on peut convaincre de 20 à 25% de fumeurs d'arrêter. Qu'en est-t-il de la politique de l'Etat dans ce domaine ? Le nombre de victimes est en constante augmentation. L'Etat se contredit malheureusement dans sa démarche. Il n'arrive pas à prendre en charge les victimes du tabagisme – qui deviennent une lourde charge – et continue à causer la maladie en produisant du tabac. En outre, il faut dire que l'Afrique et les pays d'Asie sont d'autres alternatives aux multinationales du tabac qui cherchent à remplacer les marchés perdus au niveau des pays développés où la réglementation antitabac est très stricte. Ces multinationales recrutent ainsi de nouveaux fumeurs pour remplacer ceux qui meurent du tabac et ceux perdus au niveau des pays développés. Que faut-il faire alors ? En ce qui nous concerne, nous ne pouvons que multiplier ce genre d'initiatives de sensibilisation en impliquant le maximum d'associations et d'institutions. Faire comme les multinationales pour contrer leurs campagnes de promotion. Il y aura sûrement un résultat même si c'est un travail de longue haleine. Actuellement, ce qui me semble nécessaire, c'est d'axer sur le travail sur les jeunes. Pensez-vous que les non-fumeurs sont suffisamment protégés ? Exposés aux mêmes risques que les fumeurs actifs, les fumeurs passifs développent, malgré eux, des maladies et pathologies liées au tabac alors qu'ils n'ont jamais fumé. Actuellement, l'Algérie s'inscrit dans une certaine dynamique mondiale de lutte antitabac. Elle est le seul pays maghrébin à avoir ratifié la convention cadre de lutte antitabac de l'OMS. Ce qui devrait induire l'interdiction de fumer dans les lieux publics et les lieux de travail pour, au moins, protéger les non-fumeurs. * 1re vice-président de l'association El-Badr, président du conseil de l'ordre des médecins de Blida.