Stratégie n Nullement impressionnés par les 80 000 spectateurs qui ont garni le Cairo Stadium du Caire ni par le poids de l'adversaire, les Zambiens ont frappé un grand coup en tenant en respect les Pharaons chez eux. Depuis, ils ont battu difficilement le Rwanda sur leur terrain (1 à 0) avant de recevoir l'Algérie ce samedi pour un match que beaucoup considèrent comme le sommet de ce groupe C. Pour passer l'écueil algérien, Hervé Renard, le sélectionneur de la Zambie, usera pratiquement du même discours qu'il a déjà tenu à ses hommes avant d'affronter l'Egypte : «Faites-vous plaisir.» Sauf que cette fois, les données ont changé et l'enjeu a pris le pas sur les petites ambitions où la seule obligation faite à l'équipe est de se qualifier pour la CAN en Angola. Pour l'instant, Renard poursuit son ascension avec les Chipolopolo, lui, qui a vu le chef de l'Etat Rupiah Banda intervenir en personne en sa faveur lorsque la société minière qui prenait en charge son salaire devait se désister en raison de la crise économique. Malgré sa «jeunesse» (il a 40 ans) et ses débuts seul à la tête d'une sélection (il a été souvent l'adjoint de Claude Le Roy), Renard voit grand et sait qu'il sera soumis à une pression de plus en plus grandissante. Dans sa préparation du match contre l'Algérie, Renard s'est dit connaître plusieurs éléments de notre sélection notamment ceux évoluant ou ayant évolué en France. Pour lui, Ziani est très vif et dangereux dans la dernière passe décisive, y compris Saïfi qui l'a remplacé lors du match contre le Rwanda. Les attaquants algériens sont robustes et athlétiques, en plus d'être techniques comme Ghezal, Djebbour, Bezzaz, Matmour et Ghilès qu'il dit connaître pour avoir joué à Cannes, sa région (il est né à Aix-les-Bains, en Savoie). Renard s'est apparemment beaucoup épanché pour étudier la façon de jouer des Algériens, surtout lorsqu'il précise que le côté gauche peut offrir quelques solutions si Belhadj se laisse volontiers porté par son instinct offensif. Cela ouvrirait des espaces devant ses attaquants, à moins d'un changement tactique de Saâdane. Le sélectionneur zambien appréhende d'ailleurs le rendement du sociétaire de Portsmouth qui est dans tous les cas efficaces : que ce soit en défense ou dans la relance. De même que sur les balles arrêtées qui, à chaque fois, sont superbement tirées (face à l'Egypte tout récemment ou contre l'Argentine en 2005). Renard ira même plus loin en comparant Belhadj à Roberto Carlos, ce type de défenseur qui ne fait pas que défendre seulement, mais qui apporte un grand plus à l'attaque ce qui lui a permis d'être champion du monde. En somme, Renard étudie la meilleure manière de contrer l'équipe algérienne. Dans les airs, il sait que des garçons comme Bougherra (qui joue aux Rangers) et Yahia (à Bochum en Allemagne) sont des habitués à ce jeu et donc difficiles à déstabiliser. Balle à terre, le terrain ne le leur permet pas beaucoup et les Algériens en sont des adeptes. Alors un peu les deux ? Renard affûte ses «ruses», mais, évidemment, n'en révèle aucune. Sur le plan psychologique, en revanche, il met le paquet et souhaite que ses joueurs abordent leur match comme ils l'ont fait contre l'Egypte : avec une énorme détermination. «Rêvez de ce que peut être pour vous une qualification en Coupe du onde.» A qui rêvera le mieux ? Durant la semaine qui précède le match contre l'Algérie, Hervé Renard, qui a choisi également l'Afrique du Sud pour préparer son équipe, a programmé un match amical entre ses joueurs (2 fois 30 minutes entre ses 22 joueurs), évitant de jouer un match contre un adversaire comme ce fut le cas pour l'Algérie face à l'Argentine et le Brésil où elle s'est fait éliminer, ensuite, de la course pour la CAN-2006. «The Fox», nom donné par les supporters au sélectionneur Zambien, se dit avoir une grande confiance en ses joueurs et en leurs capacités car il estime qu'il dispose d'un groupe qui a «faim» et qui ne lui a jamais posé le moindre problème. D'autant que Hervé Renard a l'appui des plus hautes autorités du pays et à leur tête le chef de l'Etat Rupiah Banda. Lui aussi pense que ce match contre l'Algérie est un tournant au cas où l'une des deux équipes gagnerait, mais ce ne sera pas une belle partie compte tenu de l'état de la pelouse.