Les Zambiens n'ont pas été impressionnés. Les médias égyptiens, qui s'agitent depuis plusieurs jours pour déstabiliser la sélection algérienne, reposent leur stratégie (plutôt stratagème, devrions-nous dire) sur un seul point : la terreur. Ils veulent terroriser les Verts en leur promettant l'enfer au Cairo Stadium. C'est dans cette logique que les buts inscrits par les Egyptiens contre les Algériens au stade principal du Caire sont diffusés en boucle dans les innombrables émissions dont les bouquets de télévision satellitaires égyptiens nous inondent depuis quelques jours. D'ailleurs, ce sont les mêmes buts qu'on nous sert : les cinq réalisations égyptiennes de la confrontation de 2001 (5-2) et, en guest star, le but de la victoire et de la qualification du fameux match de 1989 (1-0), inscrit par Hossam Hassan. Tout cela dans le but de conditionner les Algériens sur le fait qu'il n'y a rien à espérer au Cairo Stadium. Or, la vérité est que, pour plusieurs raisons, ce stade ne fait plus peur comme avant. 100 000 supporters «bourourous», c'est du passé Jusqu'au début des années 2000, le Cairo Stadium pouvait accueillir jusqu'à 90 000 spectateurs, voire même 100 000 lors des grands rendez-vous (Egypte-Algérie en était un). En effet, les gradins étaient constitués de bancs où on pouvait s'entasser comme des sardines, comme cela était le cas du stade du 5-Juillet avant 1990. Il y avait même des secteurs où on pouvait suivre le match debout, d'où l'avantage de pouvoir être nombreux dans une petite portion. Or, à l'occasion de l'organisation, en Egypte, de la CAN-2006, le Cairo Stadium a été réaménagé avec la systématisation du placement de sièges individuels dans les gradins et la transformation d'une grande partie de la première tribune en tribune de presse sur- plombée d'une tribune officielle. Cela donne ce qu'on peut constater de nos jours au stade du 5-Juillet. Du fait de ces réaménagements, la capacité du stade a été ramenée à 70 000 places assises. Ainsi, la «légende» des 100 000 «bourourous» entassés pour faire peur aux Algériens n'a plus cours. Les Zambiens n'ont pas été impressionnés Autre changement au stade principal du Caire : les supporters égyptiens ne sont plus aussi hystériques qu'ils l'ont été. Déjà, il y a de plus en plus de familles et de jeunes filles qui vont au stade, ce qui fait que l'ambiance est moins «virile» qu'on pourrait le croire. Cette nouvelle culture faite d'ouverture sur la gent féminine a été lancée par les deux clubs phares du Caire, le Ahly et le Zamalek, qui encouragent les filles et les femmes à venir au stade afin d'augmenter le nombre d'adhérents. De ce fait, il est clair que les supporters égyptiens feront du bruit, mais pas au point de créer un vacarme effroyable. La preuve : les joueurs zambiens n'ont nullement été impressionnés, eux qui ont malmené les Egyptiens au cours de la première mi-temps et qui ont arraché le nul au final. L'officier de sécurité de la FIFA, le gendarme Il y a aussi une donnée à ne pas négliger : l'organisation des matchs se déroulant sous l'égide de la FIFA doit obéir à des règles de sécurité draconiennes. En effet, en plus du délégué et du commissaire au match, la FIFA envoie également un officier de sécurité. C'est un officiel qui, généralement, est envoyé d'Europe et qui est chargé de veiller à ce que les conditions du déroulement du match soient conformes aux standards de la FIFA. On se rappelle qu'après la rencontre Zambie-Rwanda qu'avait abritée le Konkola Stadium de Chililabombwe, la FIFA avait exigé de la Fédération zambienne de football de procéder à quelques aménagements au niveau du stade, notamment dans la compartimentation des gradins et la multiplication des portes d'accès au stade, sous peine de domicilier Zambie-Algérie dans une autre ville, voire dans un autre pays. Si la FIFA a pu adresser ces injonctions, c'est à la suite du rapport de l'officier de sécurité qu'elle avait délégué. De même, lorsque l'Algérie avait écopé d'une amende, après Algérie-Zambie, à cause de la présence de beaucoup d'intrus sur la main courante après la rencontre, c'est suite au rapport de l'officiel de la FIFA. Ainsi, lors de la rencontre Egypte-Algérie, l'officier de sécurité veillera à ce que les joueurs algériens soient bien protégés et à ce qu'il n'y ait aucun manquement aux règles de sécurité. Renard : «Blida m'a impressionné plus que Cairo Stadium» Plus que tout cela, il faut savoir que le caractère décisif de la rencontre Egypte-Algérie fera qu'elle sera hyper-médiatisée et pas seulement dans les deux pays. Des médias internationaux, dont plusieurs européens, couvriront certainement cette confrontation qui, de par l'envergure des deux équipes et des joueurs qui la composent, sera certainement très suivie et attendue dans le monde entier. Il faudrait donc que les Egyptiens aient beaucoup de culot pour qu'ils se permettent d'intimider les Algériens au Cairo Stadium au vu et au su de journalistes du monde entier. Ainsi, le stade du Caire ne peut plus être cet épouvantail que les Egyptiens brandissent à tout bout de champ pour effrayer les Algériens. D'ailleurs, même Hervé Renard, le sélectionneur de la Zambie, s'en est rendu compte, lui qui nous avait affirmé après la confrontation Algérie-Zambie : «Le stade du Caire est grand et a une grande contenance, mais c'est au stade de Blida que j'ai été le plus impressionné.» Comme quoi, le match aura lieu à 11 joueurs contre 11 sur le terrain et non pas en dehors, et puis basta ! F. A-S.