Préoccupation n Ce jour-là, il a endossé sa salopette bleue et, avec un arrosoir, il asperge les plantes. Plus spécialement les plantes au-dessous d'un immeuble. En ces premiers jours de printemps, au sortir d'un hiver particulièrement rigoureux, la cité des 200-logements offre le visage rieur d'une cité fleurie. Il y a de nombreux espaces verts et des arbres à chaque pâté d'immeubles et des allées fleuries. Il est vrai que de nombreux employés, notamment des jeunes, recrutés par la mairie, travaillent à tailler, à désherber et à ramasser les objets qui encombrent les rues. Hamza est l'un de ces jeunes. A vingt ans, avec pour tout bagage qu'un niveau de troisième année moyenne, il a vainement cherché du travail dans son bourg natal, à soixante kilomètres de la capitale. Il n'a pas raté l'occasion quand un ami de son père lui a dit qu'on cherche des employés dans le cadre de l'emploi des jeunes. Avec un père handicapé, qui touche une pension de misère, et cinq frères et sœurs, sa paye ne peut être que la bienvenue. Hamza est un très beau garçon, mais très naïf : ses camarades de travail, qui l'apprécient beaucoup, l'appelle Nniya, c'est-à-dire «naïf», et se moquent souvent de lui. des petites plaisanteries et des tours qui font rire tout le monde, y compris le jeune homme. Ce jour-là, il a endossé sa salopette bleue et, avec un arrosoir, il asperge les plantes. Plus spécialement les plantes au-dessous d'un immeuble. Son chef de service s'approche de lui. — Hamza, il n'y a pas que ce carré à arroser ! Le jeune homme sursaute. — je vais faire les autres aussi ! Ses camarades s'arrêtent. — cela fait une demi-heure que tu es là, dit le chef. — ça y est ! Il s'éloigne, mais en levant la tête. Ses camarades font la même chose. C'est alors qu'on aperçoit, à une fenêtre, la silhouette d'une jeune femme. — Eh, voilà ce qui attire Hamza ! On avertit les autres employés. — regardez, Hamza a une petite amie ! Le jeune homme, cependant, s'est éloigné, mais de temps à autre, il lève la tête vers la fenêtre où se trouve toujours la silhouette. — Eh, les gars, Hamza est amoureux ! — regardez, il lorgne une bourgeoise ! La fenêtre s'ouvre. Une jeune femme apparaît. Hamza s'est arrêté et la regarde, hébété. Les employés se donnent des coups de coude. — regardez, il lui fait les yeux doux ! — Eh, mais elle est jolie ! — lui aussi c'est un beau garçon. Le chef s'approche. — que se passe-t-il ? — rien, rien… Le chef suit leur regard. Il les gronde. — allez, remettez-vous au travail ! (à suivre...)