Résumé de la 129e partie n Tuppence a pour mission d'infiltrer le camp ennemi en se faisant passer pour la parachutiste qui vient d'être interpellée... Dans l'appentis, Tuppence prit place sur une caisse renversée et se soumit aux soins experts de la maquilleuse. Finalement, l'artiste se redressa et contempla son œuvre avec satisfaction. — Voilà. Je crois que nous sommes arrivées à un résultat satisfaisant. — Qu'en pensez-vous, monsieur ? — C'est parfait, approuva Tony. Tuppence se regarda de près dans le miroir que la maquilleuse lui tendait et réprima avec peine un cri de surprise : ses sourcils avaient été en partie épilés et passés au mascara, ce qui changeait toute son expression. Cachés par ses cheveux, de petits morceaux d'adhésif collés devant ses oreilles tendaient la peau et en raffermissaient les contours. Une petite quantité de mastic, appliquée sur l'arête du nez, lui donnait un profil inattendu, en bec d'aigle. Un crayon habile et quelques touches de poudre, disposées aux bons endroits, lui donnaient quelques années de plus et conféraient un pli amer aux coins de ses lèvres. Le visage tout entier portait la marque d'un contentement un peu stupide. — C'est remarquable, admira Tuppence. Elle toucha prudemment le bout de son nez. — Il va falloir faire très attention, ordonna la maquilleuse. Elle lui tendit deux petits coussinets d'une sorte de caoutchouc mousse. — Vous pensez que vous supporteriez de garder ça dans vos joues ? — Il faudra bien, grinça Tuppence. Elle glissa les deux objets dans sa bouche et, prudemment, fit aller et venir sa mâchoire. — Oui, ça va. Ce n'est pas trop désagréable. Tony s'éclipsa discrètement et Tuppence put quitter ses vêtements pour revêtir ceux de la prétendue infirmière. Malgré des épaules un peu étroites, ils ne lui allaient pas trop mal. Le bonnet bleu foncé complétait le personnage. Mais elle refusa catégoriquement les chaussures à bouts carrés. — Si je dois faire huit kilomètres, autant que ce soit avec les miennes, trancha-t-elle. Tony et la maquilleuse considérèrent cette exigence comme d'autant plus raisonnable que Tuppence portait des souliers de marche, bleu marine, aux épaisses semelles, qui s'accordaient très bien à l'uniforme. Elle vérifia avec intérêt le contenu du sac à main, bleu marine lui aussi, un poudrier, mais pas de rouge à lèvres. Deux livres, quatorze shillings et six pences. Un mou-choir. Et une carte d'identité au nom de Freda Elton, 4 Manchester Road, à Sheffield. Tuppence mit dans le sac sa propre poudre et son bâton de rouge. Puis elle se leva, prête à partir. (à suivre...)