Résumé de la 53e partie n A son réveil, Tuppence est pensive. Elle soupçonne Mrs Perenna ou Sheila, mais sa réflexion est interrompue par la petite Betty Sprot... Tuppence oublia l'enfant et s'en revint à ses propres interrogations. Il lui semblait qu'une voix moqueuse répétait à son oreille les paroles de la comptine : «Jusqu'où voleras-tu, petit jars, petite oie ?» Jusqu'où, en effet ? La petite oie, c'était elle, et Tommy, le petit jars. Du moins, en tout cas, en avaient-ils l'apparence. A l'égard de Mrs Blenkensop, Tuppence nourrissait un profond mépris. Et Mr Meadowes, jugeait-elle, ne valait guère mieux : typiquement anglais, flegmatique, dépourvu d'imagination – et plus stupide qu'il n'était permis. Tous deux, espérait-elle, trouvaient bien leur place dans l'ambiance de Sans Souci, car deux personnes dans leur genre avaient toutes les raisons de s'y trouver. En même temps, il ne fallait pas baisser la garde un seul instant. Un faux pas pouvait si facilement arriver. Elle en avait commis un, l'autre jour. Rien de bien grave, mais un avertissement clair qu'elle devait redoubler de prudence. Elle avait pourtant pensé que c'était une approche facile, une manière commode de nouer de bonnes relations. Se faire passer pour une médiocre tricoteuse et demander conseil à plus expérimentée. Mais elle s'était oubliée et, un soir, elle avait laissé ses doigts retrouver le rythme coutumier, les aiguilles reprendre le cliquetis régulier qui dénonce l'habileté. Et Mrs O'Rourke s'en était aperçue. Depuis, elle avait soin de s'en tenir à une cadence discrète, moins malhabile qu'au début, mais pas aussi rapide qu'elle eût pu être. — Tuhlavue ? demanda Betty. Tuhlavue ? — C'est ravissant, chérie, répondit Tuppence, absente, vraiment ravissant. Satisfaite, Betty retourna à son babillage. Tuppence estimait qu'elle pourrait sans grande difficulté mettre en œuvre l'étape suivante. Avec la complicité de Tommy, bien entendu. Et elle savait exactement comment elle allait procéder. Tout occupée à échafauder ses préparatifs, elle n'avait pas vu le temps passer. Mrs Sprot, haletante, entra dans la chambre à la recherche de sa fille. — Oh, la voilà ! Je ne savais pas où elle avait bien pu aller. Betty, tu es une méchante fille. Oh, Seigneur !... Mrs Blenkensop, je suis désolée. Tuppence s'assit dans son lit. Betty, avec un sourire d'ange, contemplait son œuvre. Elle avait ôté les lacets des chaussures de Tuppence, et les avait mis à tremper dans un verre à dents plein d'eau. Elle remuait le mélange d'un doigt allègre. — Comme c'est drôle ! s'écria Tuppence, coupant court aux excuses de Mrs Sprot. Ne vous faites pas de souci. Ils sécheront très bien. D'ailleurs c'est ma faute. J'aurais dû faire attention à ce qu'elle fricotait. (à suivre...)