Scène n La pièce s'organise autour d'un jeu qui, se construit dans une théâtralité adaptée dans un style approprié et imaginatif. C'était au tour du Ghana de monter, hier, sur les planches du Théâtre national, et de présenter Ali Dondo, une pièce écrite par Bill Marashal, adaptée et mise en scène par Dzifa Glikpoé. La pièce raconte l'histoire de Ali Dondo, un employé dans la communication qui, après une quinzaine d'année de bons et loyaux services, se fait renvoyer par le ministre de la Communication. Plus tard, un coup d'Etat se produit, et les auteurs du putsch commencent à rechercher les membres de l'ancien gouvernement pour les juger dont le ministre de la Communication. Ce dernier prend la fuite et va se réfugier chez des gens du peuple. Le hasard fait que la maison dans laquelle il est allé se cacher est celle de l'employé qui l'a renvoyé auparavant. C'est à ce moment que la pièce commence et les aventures s'enchaînent, mêlant, dans un jeu équilibré et animé, comédie et tragédie – sachant que, parfois, l'une ne va pas sans l'autre, et inversement. Elles s'appellent dans la complémentarité – et cela d'une façon instantanée et systématique. La pièce se déroule dans un espace clos, mais point figé ou uniforme. Un espace qui, conçu dans ses moindres détails, se signifie et, en conséquence, détermine les relations que vont entretenir les différents protagonistes. La scène s'ouvre sur un décor certes classique, mais décrivant si bien l'intérieur d'une maison, le lieu où se tient l'action scénique et se tisse la trame de la pièce. Le lieu où se construisent les rapports humains, se mettent en place et évoluent les protagonistes dans une théâtralité juste, recherchée et adaptée dans un style approprié et imaginatif. La dramaturgie est telle qu'elle suscite manifestement l'attention du public et accentue son intérêt pour son contenu. Elle se révèle dans une poétique saisissante. La pièce paraît au préalable simple et légère dans la mesure où les événements décrits sont présentés avec humour, mais au fond, elle se révèle sérieuse et pertinente, parce qu'elle traite d'abord d'une situation politique qu'a vécue le Ghana – et, par extension, toute l'Afrique, à savoir les coups d'Etat politiques et les régimes dictatoriaux militaires. Ensuite, elle aborde la réalité sociale du Ghana à travers sa diversité religieuse : religions locales ou ancestrales, islam et christianisme. Toutes ces religions se côtoient et coexistent dans un quotidien partagé. La pièce aborde, outre ces problématiques, d'autres faits et caractères, dont la nature ou la condition humaine. Ali Dondo, jouée en langue française, est une pièce spontanée où le jeu, réaliste, franc et simple, apparaît aéré et direct. Il se déroule à un rythme accrocheur et dans une linéarité apparente. Le langage théâtral, quant à lui, est soutenu par ce jeu expressif dans lequel les comédiens se sont admirablement illustrés. Leur interprétation s'est révélée forte, juste et démonstrative.