Le Conseil des ministres a enfin tranché la question du week-end, laissée longtemps en suspens, en optant pour le vendredi-samedi, une formule intermédiaire entre le week-end islamique et le week-end universel. Premiers concernés par cette mesure, les fonctionnaires et autres travailleurs qui attendent la promulgation d'un texte d'application de la mesure pour savoir ce qui changera concrètement dans leur repos hebdomadaire à partir du 14 août. Ou pas tout à fait, puisque le Conseil des ministres a plutôt coupé la poire en deux en optant pour une formule intermédiaire, dite «le week-end semi-universel». Soit le vendredi-samedi au lieu du jeudi-vendredi jusque-là en vigueur et du samedi-dimanche exigé avec insistance par la sphère économique, appuyée par une partie de la classe politique. Les Algériens devront donc s'apprêter à changer une partie de leurs habitudes dès le 14 août, date de l'entrée en vigueur de la nouvelle mesure même si les contours de son application sur le terrain demeurent flous. En attendant la promulgation d'un texte de mise en œuvre par le ministère du Travail et de la Protection sociale, les citoyens s'interrogent sur ce que sera concrètement leur repos hebdomadaire. S'agit-il d'un simple décalage de journées, donc sans conséquences sur le volume de travail (fixé par la loi à 40 heures hebdomadaires) ou d'un chamboulement profond incluant, par exemple, la suppression pure et simple de la semaine de cinq jours et demi ? Autrement dit, le vendredi sera-t-il une journée sans travail ou alors les gens travailleront-ils une demi-journée comme ils le faisaient jusque-là les jeudi ? Cette interrogation trouve son fondement dans la motivation même de cette «demi-mesure», soit le non-passage au week-end universel : permettre aux fidèles d'accomplir la prière du vendredi. Il est vrai que les nombreux Algériens qui ont pris l'habitude depuis des décennies de consacrer cette journée à leur vie spirituelle se verront contrariés de devoir la partager désormais entre le bureau ou l'usine et la mosquée. Cela dit, les adeptes du samedi-dimanche rappellent que les Algériens se sont bien accommodés du week-end universel de l'Indépendance à 1976, date de l'adoption du week-end islamique. Mieux, ils signalent que des pays non moins musulmans que l'Algérie, dont nos voisins immédiats et même certains pays du Golfe, ont opté pour la formule du samedi-dimanche sans que leurs citoyens trouvent à redire sur sa compatibilité avec l'accomplissement de leurs devoirs religieux. Le pays se devait, donc, de se montrer plutôt pragmatique en privilégiant l'intérêt de son économie qui peine à trouver la voie de la relance dans une conjoncture internationale impitoyable, marquée notamment par une crise financière étouffant et une mondialisation tous azimuts. Dans ce sens, les défenseurs du week-end universel, notamment les économistes et le patronat, estiment à environ 1 milliard de dollars par an les pertes induites par la fermeture de nombreux services administratifs le vendredi, soit en porte-à-faux avec le programme de nos principaux partenaires économiques. C'est, d'ailleurs, le Forum des chefs d'entreprise (FCE), l'une des principales organisations patronales du pays, qui s'est fait, depuis 2 ans, le plus fervent défenseur de l'abandon de la formule du week-end islamique. Avant lui, de nombreux partis politiques de la mouvance démocratique, notamment le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), ont fait du retour au week-end universel leur cheval de bataille depuis une vingtaine d'années. Cependant, dans les faits, et comme le signale d'ailleurs le communiqué du Conseil des ministres, outre les secteurs d'activités en contact direct avec la population (banques, communes, postes), de plus en plus d'entreprises économiques privées ou mixtes organisent le repos hebdomadaire de leurs personnels pendant les journées de vendredi et samedi. Le gouvernement n'a donc fait que les imiter dans leur pragmatisme. A-t-il perdu du temps ?