Une récente enquête, réalisée par Ecotechnics, pour le journal les Afriques démente l'avis des Algériens sur le changement du week-end qui est passé du jeudi – vendredi à vendredi -samedi depuis le 14 août 2009 dans de nombreux secteurs. En effet, les sondés qui étaient au nombre de 1200 personnes sur tout le territoire national, ont donné leurs appréciations sur ce nouveau week-end et sur le travail durant la journée du samedi. L'enquête a demandé à ceux qui travaillent effectivement le samedi s'ils consentiraient à remplacer cette journée par le vendredi. Les réponses apportées par les personnes sondées sont beaucoup plus nuancées que les opinions, souvent tranchées, exprimées par les politiques et les médias. Ainsi le passage au vendredi – samedi « convient » à près du tiers des personnes interrogées (30,3%), et « un peu seulement » à 15,8%. 25,2% n'apprécient pas, et disent qu'il ne leur convient pas, tandis que 27,8% estiment que le nouveau week-end ne change rien pour eux. Ceux qui apprécient le plus le changement sont les hommes entre 35 et 45 ans, qui ont un niveau d'instruction supérieur, disposent d'un emploi permanent et résident en zone urbaine. Le nouveau week-end ne convient pas surtout aux femmes âgées de 18 à 24 ans qui travaillent, on un niveau d'instruction moyen et résident en zone urbaine. Le nouveau week-end ne change rien, en majorité, pour les femmes au foyer, les analphabètes, les résidents en zone urbaine et les personnes âgées de 35 à 54 ans. Les sondés de zones rurales semblent moins touchés par le changement et ont, en général, des opinions nettement moins tranchées. Ainsi, 73% des personnes qui n'ont pas d'opinion précise sur le changement de week-end résident en zone rurale. Par contre, travailler le vendredi matin jusqu'à midi pour remplacer le jeudi après-midi rencontre une « mauvaise opinion » chez 56,5% des sondés, contre 20,5% d'opinions favorables. Un écart clair qui rend difficile l'option de faire du vendredi la première journée du week-end, qui serait l'équivalent du jeudi dans l'ancienne formule. C'était l'option initiale, qui semble avoir été abandonnée en cours de route par le gouvernement. Avec le nouveau week-end, c'est le samedi matin qui a remplacé le jeudi matin. Ainsi, 55,78% des sondés, qui ont un emploi disent travailler le samedi, avec une proportion plus forte chez les employeurs et les travailleurs indépendants. 50,2% de ceux qui travaillent le samedi se disent prêts à travailler le vendredi matin au lieu du samedi, 49,8% y sont opposés. Les travailleurs permanents et les travailleurs indépendants sont plus nombreux à accepter de travailler le vendredi matin que les travailleurs occasionnels et les employeurs. Les opinions exprimées dans les réponses à cette dernière question du sondage montrent que les sondés ne sont pas tous arc-boutés sur des positions qui sacralisent le repos total durant toute la journée du vendredi. Ils restent parallèlement très loin d'exprimer des positions qui conforteraient une démarche vers le week-end dit universel (samedi – dimanche). Une majorité d'Algériens reste favorable à la journée de vendredi comme journée totale de repos hebdomadaire, même si une minorité accepte de travailler le vendredi matin. Une réalité déjà largement perceptible sur le terrain. La décision du gouvernement ne répond pas aux attentes des partisans du week-end universel, qui estimaient que faire du vendredi une journée ouvrable ordinaire constituait un gain au plan de l'économie et permettait, à un niveau politique, de réduire la visibilité et l'emprise de l'islamisme sur la société. Au demeurant, le sondage montre que cette emprise n'est pas aussi forte qu'on le présume. Chez les sondés, qui travaillent le samedi, on constate un écart très faible en faveur de ceux qui sont prêts à travailler le vendredi par rapport à ceux qui s'y opposent. On est loin des positions « radicales » exprimées par les hommes politiques. Les personnes sondées font preuve de nettement plus de pragmatisme, quand elles ne font pas preuve d'indifférence. La tendance globale consiste à appréhender ce changement sous un angle pratique et non par des points de vue politique ou religieux. Nassim I .