Débat Parler du devenir de la musique arabo-andalouse dans les pays du Maghreb en général et en Algérie en particulier, c?est d?abord rappeler son histoire et aborder sa situation actuelle. Il est impératif de souligner à ce propos que si cette musique a su se maintenir dans ces pays ayant connu des phases différentes, mais aussi difficiles pour l?ensemble, ceci revient tout d?abord aux relations ethniques, historiques et religieuses constituant l?aspect principal qui a caractérisé cette relation. Mais le fait d?aborder le volet historique de cette musique amène logiquement à rappeler le rôle joué par chacun des pays du Maghreb en matière d?accueil, de préservation et de développement de cet art au lendemain de son arrivée de la péninsule andalouse. En dépit des étapes qu?elle a connues au cours des différentes décennies, la musique andalouse demeurera intacte, estiment de nombreux musiciens maghrébins interrogés sur la question. Même ceux adoptant le genre moderne reconnaissent que la musique andalouse a toujours servi de base à tous ceux qui arrivent dans ce cercle. «Chaque époque a ses dominants, mais là, il n?y a aucune comparaison à faire entre cette musique et les autres genres», ont-ils expliqué. Le Annabi Abdelhamid Khemar estime que la musique andalouse ne périra jamais, au contraire, elle restera un mode qui aura toujours ses adeptes. Contrairement aux Tunisiens et aux Marocains qui ont toujours eu les mains libres, ce qui leur a permis d?entreprendre des travaux de recherche, en Algérie, l?art musical fut négligé durant longtemps en raison des circonstances que nous citerons plus loin. Il a suffi de relancer l?activité culturelle au lendemain du recouvrement de l?indépendance pour que cet art ancestral retrouve une place au soleil. Il faut dire que cela n?a pas été facile, les premiers temps, car le genre andalou était considéré comme une musique de palais, donc délaissé. D?ailleurs, n?étaient les quelques concerts diffusés par la radio et, plus tard, par la télévision, le genre andalou n?avait pas autant d?adeptes que les genres châabi, moderne ou encore guebli selon les régions. Il convient de souligner dans ce contexte qu?au lendemain de l?indépendance et avec le brassage des populations, certaines traditions ont été bousculées. Ainsi, par exemple, le malouf qui n?était pas très écouté dans l?Algérois, comme à l?ouest et au sud du pays, n?a atteint la place qu?il occupe aujourd?hui au plan national que vers la fin des années 1960, après que la télévision eut établi une grille des programmes diversifiée, sans oublier les festivals nationaux qui ont largement contribué au développement de cette musique. C?est comme cela que les trois écoles de l?andalou se sont fait connaître du grand public algérien. La musique andalouse n?était pas la seule à connaître la marginalisation durant l?époque coloniale, puisque d?autres genres furent mis sous surveillance. Dans ce contexte, on peut dire que la couverture télévisuelle du territoire national au lendemain de l?indépendance a largement contribué à la connaissance de l?art musical sous toutes ses facettes par les différentes couches sociales. Car faut-il le rappeler, au lendemain de l?indépendance, les régions d?Alger, Oran et Constantine avaient chacune son propre programme culturel et artistique tout en ignorant ce qui se passait dans les autres régions du pays. Or il est connu que la musique ne peut prendre sa signification et sa valeur que si elle est appréciée d?un large public. En ce qui concerne la musique andalouse, bon nombre de musiciens et de mélomanes estiment que l?élargissement du volet musical à d?autres genres lui a permis d?enregistrer ces dernières années un léger recul par rapport à ce qui se passe chez les voisins de l?est et de l?ouest du pays où toute l?importance lui est accordée dans le cadre de son maintien et de sa diffusion. Il convient cependant de relever que les musiciens interrogés sur le devenir de cette musique sont unanimes à souligner qu?elle ne périra pas, à condition que les maîtres encore en vie et les pouvoirs publics lui tendent la main pour qu?elle puisse se maintenir sur orbite. Pour Mustapha Benguergoura, l?art andalou doit constituer un patrimoine universel non négligeable, au même titre que l?art pariétal plusieurs fois millénaire que recèle l?Algérie. (à suivre...)