Débat n «La musique arabo-andalouse : quel avenir ?», tel était le thème de la rencontre qui s?est tenue lundi à la salle Ibn-Khaldoun. Le devenir de la musique arabo-andalouse reste encore un débat ouvert, une problématique suscitant, aussi bien chez les connaisseurs que chez les profanes, nombre de questionnements sur sa survie. Qu?adviendra-t-il de ce patrimoine, référent culturel et témoignage d?une culture et de pratiques civilisationnelles, sachant que cette musique qui a vu, avec le temps, douze de ces vingt-quatre noubas se perdre à jamais, est menacée, elle aussi, de disparaître si aucune mesure de préservation n?est formulée concrètement. «Il y avait autrefois autant de maîtres qui étaient versés dans cette musique et bien soucieux de l?exercer en vue de la conserver. Aujourd?hui, le cercle se rétrécit et il ne reste que peu de garants et dépositaires de ce patrimoine», dira Sid-Ahmed Serri. L?avenir de la musique arabo-andalouse s?avère cruellement précaire, d?où l?appel à l?urgence de la collecte de ce patrimoine lancé depuis plusieurs années, par les spécialistes de cette musique. Rappelons que le souci de vouloir conserver la musique arabo-andalouse s?est manifesté au lendemain de l?indépendance. «Il y a eu autant de colloques que de séminaires débattant de la situation de cette musique, mais cela a été toujours les mêmes problèmes qu?on abordait sans parvenir à y trouver réellement des solutions à la faveur de cette musique», explique Sid-Ahmed Serri, qui n?a pas manqué de se désoler en évoquant la faillite de l?institut de musique qui, à l?origine, devait prendre en charge la collecte et la conservation du patrimoine. Il dira : «Il y a eu, à l?époque, dans les années 1960, l?idée de créer un institut de musique chargé de la collecte et de la conservation de la musique arabo-andalouse, mais cette institution a été détournée de sa vocation originelle. Elle a été vite transformée en un simple conservatoire, sachant que ce type d?infrastructure existait déjà. Elle s?est seulement confinée dans son rôle de simple école de musique. Cela revient à dire que le travail qui devait se faire pour la préservation de la musique arabo-andalouse ne s?est pas fait, et cela pour manque de volonté. Et même si, aujourd?hui, il y a des associations ?uvrant dans l?exercice de cette musique, il se trouve que ce patrimoine est transmis et initié aux jeunes d?une manière imparfaite et incomplète, voire infidèle.» Aujourd?hui, la nécessité d?assurer la pérennité d?un patrimoine qui s?avère plus qu?un style musical, mais plutôt un art de vivre, une manière d?être, s?impose tant aux acteurs de cette musique qu?à l?Etat qui, lui, s?avère un partenaire-clé dans cette situation. A rappeler également qu?un travail d?enregistrement est en train de se faire par l?office national des droits d?auteurs et droits voisins (Onda), mais cela ne suffit pas. La musique arabo-andalouse a besoin d?être écrite, voire transcrite pour ne pas se perdre. Il faut l?inscrire dans un cadre académique. Aujourd?hui, les piliers de la musique arabo-andalouse ont quasiment tous disparu, seuls quelques noms survivent, comme Sid-Ahmed Serri, Youcef Khoudja ou encore Mohamed Ben Chaouech qui, coûte que coûte, continuent d?exercer cette musique et de partager leur savoir-faire. Mais une fois partis, il ne restera des anciens, aucune figure représentative de cette musique. Tous emporteront avec eux leur savoir et leur expérience. Et en attendant ce jour, nous continuons à énoncer des discours et à débattre toujours de l?état des lieux de la musique arabo-andalouse.