Alerte n Avec les quantités de drogues saisies ces derniers temps, l'Algérie est en passe de devenir un pays consommateur. Selon le directeur général de l'Onldt, Abdelmalek Sayeh, intervenant lors de plusieurs sorties consacrées à la lutte et à la prévention contre le trafic de drogue, notre pays, qui était longtemps une voie de transit vers de nombreuses destinations, pourrait devenir à l'avenir un pays consommateur. Il s'appuie dans son constat, à la fois alarmant et préventif, sur les dernières saisies enregistrées au cours du premier trimestre de l'année en cours. Pour le premier responsable de l'Onldt et de l'avis des services de sécurité et de nombreux observateurs, une telle situation qui prend, de jour en jour, des proportions inquiétantes, s'explique par plusieurs facteurs. D'abord par le fait que notre pays est voisin, par les frontières ouest, d'un pays fort producteur de kif. «Le Maroc produit 60% de la production mondiale de chanvre indien destiné à l'Europe. Il inonde notre pays de plus de 75% de la drogue saisie», a indiqué récemment M. Sayeh tout en soulignant que 80% de la contrebande transitent par nos frontières ouest, précisément d'El-Bayad, Naâma et Tindouf. Les itinéraires principaux qu'utilisent les trafiquants de drogue sont le côté sud de la frontière avec le Maroc. Les grands ports du pays, la Tunisie et la Libye constituent les portes de transit vers l'Europe. L'étendue de nos frontières partagées avec pas moins de sept pays, explique aussi la prolifération de ce fléau. M. Sayah a estimé également que les mesures draconiennes prises par les pays européens dans le cadre de la lutte contre le trafic de drogue et le crime transfrontalier se sont répercutées sur la mobilité des narcotrafiquants. Ce renforcement du contrôle aux frontières européennes a poussé, donc, les narcotrafiquants à faire de l'Algérie un terrain de «substitution». Ainsi, les quantités de drogue destinées au départ à l'exportation seront systématiquement écoulées sur le marché local. Ce qui augmente la consommation de drogue chez nous. Selon les statistiques, 26,13% des quantités ayant transité via les frontières ouest sont orientées vers la consommation locale. Un véritable danger pour la santé publique, avertissent les spécialistes. Ces derniers et les services de sécurité considèrent également que l'immigration clandestine, dont l'Algérie est fortement touchée, peut être vectrice de trafic de drogue et d'autres formes de crime organisé. La situation du pays, qui vient juste de sortir d'une situation caractérisée par le terrorisme, a provoqué un climat économique défavorable s'illustrant par un fort taux de chômage et d'érosion du pouvoir d'achat. Cela a favorisé la consommation de drogue à grande échelle notamment chez les jeunes. Des facteurs favorables ont, donc, conduit les trafiquants à focaliser leur intérêt sur l'Algérie. Mais en dépit des difficultés rencontrées dans la lutte contre le trafic de drogue, les services de sécurité ne ménagent aucun effort. Les bilans des saisies en témoignent.