Ruse n C'est une femme d'une grande taille, méchante comme toutes les ogresses, mais qui a le malheur d'avoir la vue très faible. Le personnage facétieux le plus populaire en Kabylie est Belajout, un nom qui vient sans doute de tamejjout qui signifie oreille. On le confond souvent avec le personnage de Mqidesch, en tout cas, les aventures de l'un et de l'autre se ressemblent beaucoup. On raconte que Belajout est un petit garçon, non seulement par l'âge mais aussi par la taille. Il se faufile partout et, bien entendu, il passe son temps à jouer des tours aux gens. Il n'est pas très méchant mais il est si agaçant qu'on voudrait, à chacun de ses tours lui donner une correction. Sa bête noire est l'ogresse Tseriel. C'est une femme d'une grande taille, méchante comme toutes les ogresses, mais qui a le malheur d'avoir une mauvaise vue. Elle a une fille, mais comme elle est stupide, et se fait rouler par le premier venu, elle l'enferme à la maison. — Toi, reste à la maison et prépare le dîner ! Car, Tseriel, comme toutes les ogresses, a constamment faim, et tout ce qu'elle rencontre — ânes, vaches, moutons et bien sûr humains — elle l'enlève et l'emmène chez elle où sa fille le prépare. Ce jour-là, elle erre dans la campagne à la recherche d'une proie. Or, Belajout qui l'a vue, s'empresse de grimper sur un figuier, décidé à lui jouer un tour. — Des figues, qui veut des figues ? Or, ce n'était pas encore la période des figues, mais Belajout sait comment titiller la gourmandise de l'ogresse. — Mes figues sont toutes bien grosses ! L'ogresse tourne la tête vers l'endroit d'où vient la voix. — Des figues ? Mais ce n'est pas encore la saison ! Balajout se met à crier. — Ce sont les figues de Belajout, elles mûrissent avant l'heure ! L'ogresse s'avance. — Ah, c'est toi, Belajout, mon fils ! — Oui, c'est moi, maman ogresse ! — Tu veux bien m'offrir de tes figues ? — Bien sûr ! Elle approche du figuier et tend la main. Belajout qui pensait être hors de sa portée est saisi par le pied. — Ah, petit malin, tu voulais te moquer de moi, mais maintenant je te tiens ! Loin de perdre la tête, Belajout se met à crier. — Pauvre Tseryel, tu croyais me prendre ! L'ogresse éclate de rire. — Bien sûr que je te tiens ! — Pauvre folle, tu ne tiens qu'une racine ! — Ah bon ? dit l'ogresse. Elle lâche le pied et Belajout se sauve prestement. Une fois de plus, il vient de jouer un bon tour à l'ogresse. (à suivre...)