Le folklore algérien possède plusieurs personnages incarnant des bouffons ou des héros facétieux, personnages qui portent des noms comme Ali le loqueteux ou Boukhenfouch ou alors, anonymes, simplement désignés par des épithètes : al h'ili (le malin), uh'rich (l'intelligent), etc. Il y a toujours, en face du facétieux, son contraire : laâgun (l'idiot), ungif (le simple d?esprit), etc. Aux humains, il faut ajouter les animaux comme le chacal, le hérisson, le serpent, qui ont également leurs contraires : l'âne, le b?uf, le chien. Enfin, il y a, issu du théâtre d'ombres, le Turc Garagouz, dont nous avons déjà parlé. Aujourd'hui, on ajoute les clowns, popularisés par le cirque et la télévision. On dit toujours «yakhi garagouz !» (espèce de garagouz !) mais on entend plus souvent «hadak klun !» (c?est un clown !). Mais le personnage le plus cité reste Djeha, suivi de M?qidech. Les deux personnages sont cités dans les anecdotes et les contes et on utilise leurs noms comme noms communs pour stigmatiser la ruse et la tromperie. Djeha, c'est le bouffon mais aussi le méchant et l'égoïste qui se joue de son prochain et n'a en vue que ses intérêts. M?qidech, c'est le jeune garçon à la fois turbulent et rusé, qui se sort, avec humour, des situations les plus dramatiques. Se faire traiter de Djeha et de M?qidech peut passer pour un compliment, mais en fait, la mention comporte toujours une dose d'ironie, voire de reproches. Certes, on peut admirer les ruses de Djeha et de M?qidech, mais les moyens qu'ils utilisent pour arriver à leurs fins sont souvent des moyens irréguliers, voire illégaux. Ainsi, quand on évoque Djeha, c'est souvent pour mettre en garde contre ses ruses : «Rad ballek hadak Djeha» (fais attention à toi, c'est un Djeha !) Quant à M?qidech, on redoute ses facéties d'enfant mal élevé?