Qu'on le veuille ou non, le passage de la deuxième division à dix-huit clubs sous le nom pompeux et évocateur de Super DII n'a pas été, pour une fois, une déconvenue. Bien au contraire, puisque ce palier tenait en haleine tout le pays, d'est en ouest et parfois même plus que la Nationale Une qui ronronne plus souvent. Avec trois places pour l'élite et trois autres pour la relégation, cela donnait une compétition plus ouverte et très intense, avec un suspense haletant jusqu'à l'ultime minute de la dernière journée. Au fil des saisons, la Super DII s'est bonifiée et a gagné en succès, voire en grade, vu qu'elle est composée de près de 80% d'anciens pensionnaires de la Nationale Une qui se livrent chaque saison une rude bataille durant tout l'exercice. Pour mettre fin à cette embellie, la Fédération algérienne de football (FAF) décide, pour des considérations qui ne tiennent pas vraiment la route (équilibre régional, réduction des distances et donc des frais…), de revenir à une régionale à trois groupes de quatorze chacun, soit 21 clubs de l'Interrégions qui viendront se loger à la même enseigne. C'est ce que certains appellent le nivellement par le bas ! Pour arriver à cette nouvelle configuration soi-disant imposée par la nécessité de passer au professionnalisme, la Super DII devra passer pratiquement par une saison blanche, sans saveur et sans intérêt, avec une seule équipe qui accède et aucune qui rétrograde. Et bonjour les dégâts. Les petits arrangements entre copains vont faire rage pour les quelques clubs qui tenteront de passer par le trou de souris de la Nationale Une qui, elle, a été épargnée puisqu'elle garde ses ratios «économiques». Dans les championnats majeurs à travers le monde, le second palier est souvent l'antichambre du premier, avec un niveau de plus en plus relevé et un intérêt économique toujours en progrès. Chez nous, c'est la régression puisqu'on détruit tout de suite ce que l'on a construit, sans consulter qui que ce soit, encore moins les spécialistes en la matière, y compris les économistes et les fins analystes. Sur le plan purement sportif, la Super DII était un mélange intéressant de styles et d'engouement populaire, un brassage du foot de toutes les régions. D'ailleurs, pour ceux qui prétendaient que les clubs de l'Est étaient plus puissants, le WA Tlemcen et le MC Oran, qui ont accédé à l'issue de la saison 2008/2009, leur ont donné une cinglante réponse. C'est en se frottant au football du centre et à celui de l'est, soit au football national, que l'ouest - dont la régression a ses explications - peut revenir sur la scène. La preuve est là avec le WAT et le MCO, sans l'intervention de qui que ce soit, et encore moins à la faveur d'une quelconque décision. En tous les cas, ce n'est pas au nom du professionnalisme qu'on clochardise ou tue le football. Les responsables de la FAF se trompent de cible et d'époque apparemment.