Les Arabes, lors de leur arrivée au Maghreb, évoqueront dans leurs écrits la magie chez les Berbères. D'après certains auteurs, elle était très courante et certaines villes, comme c'est le cas de Tehouda, non loin de Biskra, étaient peuplées de magiciens. Cette affirmation est certainement exagérée, les conquérants, assimilant, sans doute, la résistance des populations à un acte de magie, c'est-à-dire de malveillance, inspirée par les démons. Quant à Tehouda, si on l'a taxée de ville de magiciens, c'est sans doute parce que c'est dans cette ville que Oqba Ibn Nafiê, le conquérant du Maghreb central, a été tué par Koseyla. On sait aussi que les mêmes conquérants vont nommer la grande résistante à la conquête arabe, Dihiya, «Kahina», c'est-à-dire «prêtresse et sorcière». La Kahina, comme beaucoup de femmes de son époque, a, peut-être, pratiqué la magie (des rois et des reines égyptiens, babyloniens et arabes y recouraient), mais c'est aussi la vigueur, la force de résistance et les sacrifices de cette femme qui ont dû inspirer cette appellation : pour ses adversaires, son charisme et sa ténacité avaient quelque chose de magique ! Les auteurs arabes citent plusieurs hérétiques berbères qui s'étaient présentés comme prophètes, comme Salih, fondateur de la religion des Berghawata, et H'a Mîm, prophète des Ghomara (voir articles sur la divination).