Rôle Les auteurs de l?antiquité ont souligné la place de la magie dans cette région. Homère (Ve siècle avant J.-C.) évoque les magiciens libyens (terme général pour désigner les Berbères). Il évoque aussi des rites magiques comme les fameux combats à coups de pierres et de bâtons, sans doute pour expulser le mal. C?est le cas des combats entre les jeunes filles des Auses et des Machlyes, sur le littoral de l?actuelle Libye. En Algérie, saint Augustin cite une fête qui se tenait tous les ans à Césarée (Cherchell) au cours de laquelle les habitants, divisés en deux clans, se battaient à coups de pierres. Saint Augustin parvint à faire renoncer les habitants à cette coutume. Pline l?Ancien, dans son ouvrage Histoire naturelle, écrit, en citant des auteurs antérieurs à lui, qu?il y avait parmi les Berbères des familles de magiciens qui, par leurs incantations, avaient le pouvoir de fasciner leurs adversaires, de tuer les troupeaux, de sécher les plantes et de faire mourir les enfants de leurs ennemis. Dans son Enéide, Virgile (Ier siècle de l?ère chrétienne) évoque, dans le chant IV, vers 480 et suivants, une poétesse massyle qui était aussi versée dans la magie. Dans d?autres ouvrages, il est question de rites pour provoquer la pluie qui rappellent les modernes rites d?Anzar, sur lesquels nous reviendrons. Dans un sermon, saint Augustin s?élève contre l?habitude des Berbères, pourtant christianisés, de procéder à des baignades rituelles, pratiquées lors des solstices d?été. Ces rites se sont perpétués dans les cérémonies d?awussu, pratiquées, en été, sur les côtes tunisiennes et libyennes et chargées de protéger de la chaleur, des maladies et de toutes sortes de calamités. Un auteur chrétien, Arnobe, signale la coutume qui consiste à attacher des morceaux d?étoffe aux arbres : ce rituel est encore vivace au Maghreb où, par le truchement de l?étoffe, on procède au transfert du mal. Qui touche l?étoffe sur laquelle est «concentrée» la maladie l?attrape et en débarrasse celui qui en est atteint. (à suivre...)