Sorcellerie Comme les auteurs grecs et latins, les Arabes évoquent, dans leurs écrits sur le Maghreb, la pratique de la magie chez les Berbères. Ils diront même, mais sans que cela soit historiquement prouvé, que Téhouda, non loin de Biskra, était une ville de magiciens. Peut-être que cette ville a reçu cette dénomination à la suite de la mort de Oqba Ibn Nafaâ, le conquérant du Maghreb central, tué par Kosseyla dans cette région. Les mêmes conquérants surnommeront la grande résistante à la conquête arabe, Dihiya, «Kahina», c?est-à-dire «prêtresse et sorcière». Il n?est pas exclu que la Kahina ait, effectivement, comme beaucoup de femmes de son époque, pratiqué la magie (des rois et des reines égyptiens, babyloniens, arabes même y recouraient), mais c?est aussi la vigueur, la force de résistance et les sacrifices de cette femme qui ont dû inspirer cette appellation : pour ses adversaires, son charisme et sa ténacité avaient quelque chose de magique ! Les auteurs arabes citent plusieurs hérétiques berbères qui s?étaient présentés comme prophètes. Les plus connus sont le fameux Salih, fondateur de la religion des Berghawata, sur la côte occidentale du Maroc, et H?a Mîm, prophète des Ghomara. Dans la religion qu?il a fondée au Xe siècle, Salih autorisait la magie et la divination. H?a Mîm se disait prophète et avait produit un Coran en berbère. Al Bekrî cite ainsi la profession de foi de H?a Mîm et de ses partisans : «Il n?y a de Dieu que Dieu? Je crois en H?a Mîm, en Abû Khalaf et en Tangit.» Abû Khalaf (ou Abû Yakhluf) était le père de H?a Mîm et Tangit (ou Tanqit) sa tante qui était, toujours selon al-Bakrî, une magicienne. La s?ur de H?a Mîm, Dadjdju ou Dâbbu, était également une magicienne et les fidèles sollicitaient son secours. Ces «religions» avaient suscité l?hostilité des Arabes et des Berbères orthodoxes qui les ont combattues et ont exterminé leurs adeptes.