Résumé de la 143e partie n Tuppence et Tommy ont invité Sheila à une réception pour qu'elle retrouve Karl Von Denim qui faisait, en fait, partie de l'Intelligence service.... C'est ce qui me rendait particulièrement apte à opérer en Allemagne. Karl n'était pas nazi. Il ne s'intéressait qu'à son job, la recherche en chimie, qui était aussi mon domaine. Peu avant la guerre, Karl a décidé de s'enfuir en Angleterre. Ses frères avaient été envoyés en camp de concentration. Il pensait que sa fuite se heurterait à de grandes difficultés, mais, comme par miracle, chaque fois, ces difficultés s'aplanissaient d'elles-mêmes. Quand Karl m'en a parlé, ça a éveillé mes soupçons : pourquoi les autorités allemandes s'évertuaient-elles à faciliter son départ d'Allemagne, alors que ses frères et quelques autres de ses proches étaient en camp de concentration et que l'on soupçonnait son hostilité au régime ? Tout se passait comme si on avait de bonnes raisons de le vouloir en Angleterre. Le logement de Karl était situé dans le même immeuble que le mien et, un jour, j'ai eu le chagrin de trouver son cadavre, étendu sur son lit. Dans une crise de désespoir, il s'était donné la mort. Il laissait une lettre que j'ai lue avant de la mettre dans ma poche. J'ai décidé de me livrer à une substitution. Je voulais quitter l'Allemagne. Et je voulais aussi comprendre pourquoi on avait discrètement encouragé Karl à partir lui aussi. J'ai habillé le cadavre avec mes propres vêtements, et je l'ai mis sur mon lit. Karl s'était tiré une balle dans la tête, et il était défiguré. Et puis je savais ma propriétaire à moitié aveugle. «Muni des papiers et du passeport de Karl von Deinim, j'ai pu partir pour l'Angleterre, et je me suis rendu à l'adresse qui lui avait été recommandée c'était Sans Souci. Pendant tout mon séjour, j'ai joué le rôle de Karl von Deinim, sans baisser ma garde un seul instant. J'ai découvert qu'on avait pris des arrangements pour que j'aie un poste à l'usine chimique. Au début, j'ai cru qu'on m'obligerait à travailler pour les nazis. Mais j'ai compris ensuite qu'on avait choisi mon malheureux ami pour servir de bouc émissaire. Quand j'ai été arrêté, sur la base de fausses preuves, je n'ai rien dit. Je ne voulais révéler ma véritable identité que le plus tard possible. En fait, je n'avais qu'un but : découvrir ce qui allait se passer. Ce n'est qu'il y a quelques jours que j'ai été reconnu par quelqu'un de chez nous, et que la vérité s'est fait jour. — Vous auriez dû tout me dire, lui reprocha Sheila, véhémente. Il répliqua doucement : — Si c'est comme ça que vous le prenez... Je suis désolé. Il ne la quittait pas des yeux. Le regard de Sheila flamboyait d'une orgueilleuse colère. Mais ladite colère ne tarda pas à fondre — J'imagine que vous deviez agir comme vous l'avez fait... — Ma chérie... Il se leva. — Venez danser. Tuppence émit un profond soupir. — Qu'est-ce qui t'arrive s'inquiéta Tommy. — Oh ! rien. J'espère seulement que, maintenant que son soupirant n'est plus un paria allemand rejeté par tous, Sheila ne va pas cesser d'être amoureuse de lui. (à suivre...)