Résumé de la 142e partie n Tuppence et sa fille se retrouvent et parlent de Tony Marsdon qui faisait partie de la cinquième colonne... Elle s'éloigna en ondoyant avec grâce dans les bras d'un beau blond qu'elle couvait d'un sourire enjôleur. Tuppence la suivit un instant des yeux, puis son regard se porta sur un jeune officier en uniforme de la Royal Air Force qui faisait danser une jeune fille mince et blonde. — Tu sais, Tommy, murmura Tuppence, je trouve vraiment que nous avons des enfants très bien. — Voilà Sheila, répondit son mari. Il se leva pour accueillir Sheila Perenna qui s'approchait de leur table. Elle portait ce soir-là une robe émeraude qui mettait en valeur sa sombre beauté. Mais c'était une beauté maussade, et elle se montra à la limite de l'impolitesse : — Je vous avais promis de venir, alors me voilà. Mais je ne comprends toujours pas pourquoi vous m'avez invitée. — Parce que nous vous aimons bien, sourit Tuppence. — Vraiment ? Ça me dépasse. Après tout, je me suis très mal conduite à votre égard à tous les deux. Elle demeura un instant silencieuse, puis murmura : — Mais je vous suis tout de même reconnaissante d'avoir pensé à moi. — Nous vous avons trouvé un charmant cavalier,reprit Tuppence. — Je n'ai pas envie de danser. J'ai horreur de ça. Je ne suis venue que pour vous voir. — Croyez-moi, le cavalier que nous vous avons choisi vous plaira, s'épanouit Tuppence. — Je... Sheila Perenna s'interrompit et demeura bouche bée : Karl von Deinim traversait la piste. — Vous ? balbutia-t-elle. — Oui, moi, dit Karl. Il y avait quelque chose de changé en Karl von Deinim. Et Sheila, perplexe, le dévora des yeux. Les couleurs lui étaient revenues, et elle avait le feu aux joues. Quand enfin elle parvint à s'exprimer, elle haletait un peu : — Je... je savais qu'on reconnaîtrait votre innocence. Mais... je croyais que vous resteriez interné... Karl secoua la tête. — Il n'y a aucune raison qu'on m'interne. Il se jeta à l'eau : — Il faut que vous me pardonniez, Sheila, mais je vous ai caché la vérité. Je ne suis pas Karl von Deinim. J'ai usurpé son identité pour des raisons... personnelles. Le jeune homme adressa à Tuppence une supplication muette. — Allez-y, sourit-elle. Dites-lui tout. — Karl von Deinim était un de mes amis. J'avais fait sa connaissance ici, en Angleterre, il y a quelques années... Et puis je l'ai retrouvé peu avant la guerre, en Allemagne, où je me trouvais en mission spéciale. — Vous apparteniez à l'Intelligence Service ? demanda Sheila. — Oui. Quand j'étais là-bas, des événements bizarres ont commencé de se produire. Une fois ou deux, je ne m'en suis tiré que d'extrême justesse. Nos adversaires paraissaient connaître d'avance mes projets. Alors j'ai compris que ce n'était pas normal. Qu'ils étaient parvenus, pour employer leur expression, à «pourrir» mon propre service. C'étaient les miens qui me trahissaient. Karl et moi, nous avions une certaine ressemblance, et ma grand-mère était allemande. (à suivre...)