Réaction n Le Président afghan sortant a justifié sa politique controversée d'alliances avec les chefs de guerre par la défense de l'intérêt national et la paix à trois jours de la présidentielle. «J'ai défendu l'intérêt national et l'unité. Je l'ai fait pour protéger l'Afghanistan et mettre fin à la guerre. Je ferai de même jusqu'à ce que j'arrive à ramener la paix totale dans le pays», a déclaré Hamid Karzaï lors de son premier débat télévisé, hier, dimanche, l'opposant à deux de ses principaux rivaux, ses ancien ministres Ashraf Ghani et Ramazan Bashardost. Karzaï, chargé en 2001 par l'Occident de mener son pays sur la voie de la démocratie, puis élu en 2004, est critiqué pour avoir scellé des alliances avec des chefs de guerre accusés de crimes entre 1992 et 2001, voire aujourd'hui encore, pour s'assurer le vote de leurs communautés à l'élection présidentielle de jeudi prochain. Ses deux adversaires n'ont pas manqué de le lui rappeler. «Je n'ai pas passé d'accord avec un seul chef de guerre, n'ai pas offert de ministère, de poste de gouverneur ou de partie de l'Afghanistan à un seul d'entre eux», a souligné l'ancien ministre des Finances Ashraf Ghani. «Les chefs de guerre ont aujourd'hui le rôle principal dans la campagne de Karzaï, l'un des leurs en est même le vice-président, et cela, le peuple d'Afghanistan ne peut l'accepter», a déclaré l'ancien ministre du Plan, Ramazan Bashardost. Il faisait référence au chef de guerre tadjik Mohammad Qasim Fahim, colistier de Karzaï accusé de crimes par des organisations de défense des droits de l'Homme. Selon un sondage publié vendredi, dernier, par un institut américain, Karzaï serait en tête au premier tour de la présidentielle le 20 août, prochain, avec 44% des intentions de vote, devant son ancien ministre des affaires étrangères Abdullah Abdullah (26%), suivi de Ramazan Bashardost (10%) et Ashraf Ghani (6%). Alors que la campagne électorale entre dans sa dernière ligne droite, les talibans ont menacé, hier, dimanche, pour la première fois, d'attaquer directement les bureaux de vote lors des élections présidentielle et provinciales de jeudi prochain. Les insurgés ont diffusé leurs menaces par des tracts dans leurs bastions du sud du pays. Leur message engage les habitants à ne pas participer aux élections, pour ne pas devenir une victime de leurs opérations. «Nous utilisons de nouvelles tactiques visant les centres de vote. Quiconque sera blessé dans et autour des centres de vote en sera responsable, car il aura été informé à l'avance», a déclaré le porte-parole taliban. «Les bureaux de vote dans l'ensemble du pays seront visés», a-t-il précisé. Les talibans avaient jusqu'ici seulement appelé au boycott, sans annoncer d'attaques contre les bureaux de vote. Ils avaient également invité les Afghans à prendre les armes contre les troupes internationales ayant renversé le régime taliban fin 2001, aujourd'hui fortes de 100 000 hommes et chargées avec les forces afghanes de sécuriser les élections. L'annonce talibane survient au lendemain d'un spectaculaire attentat suicide revendiqué par les talibans devant le quartier général de la force de l'Otan, à Kaboul, qui a fait au moins 7 morts civils et 91 blessés et prouvé que les rebelles pouvaient frapper n'importe où. La multiplication des violences ne fait que renforcer la crainte de voir les élections décrédibilisées par une forte abstention, selon les analystes.