Un homme avait une femme belle comme la lune ; celle-ci avait une fille plus belle que la lune, elle ne s'en séparait jamais et elle en était jalouse. Un jour que l'enfant était au berceau, la mère sortit et dit : «O lune, qui de nous deux est la plus belle ?» - «Moi et toi, nous sommes pareilles ; celle qui est au berceau me surpasse et te surpasse en beauté.» La mère déposa l'enfant sur la fenêtre et dit de nouveau : «O lune, qui de nous deux est la plus belle ?» - «Moi et toi, nous sommes pareilles ; celle qui est sur la fenêtre me surpasse et te surpasse en beauté.» La mère déposa l'enfant dans le conduit des eaux : «O lune, qui de nous deux est la plus belle ?» - «Moi et toi, nous sommes pareilles ; celle qui est, dans le conduit des eaux me surpasse et te surpasse en beauté.» Un mardi, l'enfant prit une pelote de fil et s'amusa à la faire rouler loin de sa maison. Elle aperçut une ogresse qui lui dit : «Si tu ne l'apportes pas ici, je te mange comme je mange les gens du pays où tu te trouves. L'enfant courut après sa pelote et s'égara. Elle vit une maison et se dit : «O maison, j'arriverai vers toi.» Elle approcha : «Si j'y trouve une bête, elle me mangera ; si j'y trouve un être humain, je vivrai avec lui.» Elle grimpa par la fenêtre, un enfant la saisit ; elle se cacha sur le plancher aux provisions. Un moment après, un enfant vint prendre du blé dans une jarre, il aperçut la jeune fille et, la prenant pour un de ses frères, il lui dit : «Préparons le souper.» Elle lui répondit : «Ce n'est pas encore le moment.» L'enfant regagna sa natte et s'endormit. Alors la jeune fille se leva, se mit à moudre du blé, prépara le couscous, fit cuire des perdrix et les assaisonna. Elle aperçut du fard et en mit à la main de l'enfant. Celui-ci, à son réveil, trouva du fard à sa main ; il alla vers la marmite et y trouva de la viande ; il s'approcha de la casserole à couscous, elle était pleine. Les cinq enfants de la maison firent de même, ils trouvèrent en se réveillant du fard sur leur main, du couscous dans le plat, de la viande dans la marmite. Le premier dit au chef de la maison : «Sache que ce n'est pas moi qui ai préparé le couscous ; de plus, en me levant, j'ai trouvé du fard sur ma main.» - «Nous aussi, repartirent les autres, nous avons trouvé du fard sur nos mains.» Le chef de la maison leur répondit : «Je découvrirai celui qui l'a préparé.» Il s'étendit à terre comme pour dormir, il ferma un œil et tint l'autre entrouvert. Alors la jeune fille se leva pour achever ses apprêts. Quand elle eut tout achevé, elle s'approcha du dormeur, lui mit du fard sur la main, se retira et monta vers sa cachette. Alors notre homme la saisit par la main et lui dit : «Je t'adjure au nom de Dieu, inconnue, qui es-tu ?» - «Mon cher, répondit-elle, je suis une créature comme toi.» - «Quel est ton nom ?» - «Thizourith lmellah'» - «Descends.» Elle ferma la fenêtre et descendit. «Qui t'épousera ?» - «Le premier qui m'a touchée.» Le maître de la maison l'épousa, et ils prirent leur repas. Les enfants se moquèrent de lui. Un jour, Thizourith prit une fève pour la manger ; le chat lui dit : «Donne-moi cette fève, sinon j'éteins le feu.» (à suivre...)