Le seuil, dans la tradition maghrébine, constitue une limite de l'intimité familiale que l'on ne peut franchir que si l'on y est autorisé. C'est le cas de l'étranger que l'on doit accueillir au seuil de la porte et invité à entrer, c'est le cas aussi des esprits mauvais que l'on empêche, par divers artifices, d'entrer. Il était d'usage que l'étranger, voire le visiteur connu, qui entre dans une maison se déchausse : il ne s'agit pas seulement d'éviter de salir les lieux mais aussi, en enlevant ses chaussures, de montrer ses intentions pacifiques. Cette habitude s'est perpétuée de nos jours où les invités se déchaussent à l'entrée de la maison. Dans certaines régions, la mariée qui entre dans la maison de son époux, ne touche pas le seuil. A Ouargla, c'est l'ami de l'époux qui la descend du mulet et qui la transporte. Elle ne doit pas toucher le sol et elle est directement conduite dans la chambre nuptiale. En revanche, elle touche de la main droite le linteau de la porte extérieure et celui de sa chambre. C'est sans un signe de bienvenue pour les esprits bienfaisants du foyer. On pense que si la femme touche du pied le seuil de la maison nuptiale, les génies, offensés, feront tout pour l'expulser de la maison. Il est recommandé aussi, à Ouargla, comme ailleurs, de ne pas trop s'attarder sur le seuil des maisons car cela indispose les esprits qui vont et qui viennent.