Pionniers n Notre émigration ne date pas d'aujourd'hui. Elle est même l'une des plus vieilles au monde après celle qui a vu l'installation des premières colonies anglaises aux Etats-Unis. D'ailleurs, ce pays dont l'histoire est toute récente fait remonter son aristocratie aux premiers Irlandais ruinés qui ont traversé l'océan sur un navire vétuste et très peu sûr, le «May Flower» (Fleur de Mai) et fondé une nation. Avec la colonisation de l'Algérie en 1830, commencèrent en fait les premières vagues de départ pour échapper au joug des Français. C'est sans doute en Syrie derrière l'Emir Abdelkader que des centaines de combattants algériens et leurs familles vont s'installer avant la fin du XIXe siècle. Leurs enfants et leurs petits-enfants qui opteront plus tard pour la nationalité syrienne, seront toujours élevés avec un amour sans bornes pour la patrie mère. Quelques familles, au lendemain de l'indépendance en 1962, rentreront définitivement au pays de leurs ancêtres et se fondront dans la masse anonyme. Entre 1900 et 1950, des centaines d'Algériens profiteront de leur pèlerinage à La Mecque pour fausser compagnie à leurs encadreurs, des supplétifs français chargés de les surveiller, et se réfugient en Palestine, au Liban et même en Turquie. D'autres Algériens enrôlés dans l'armée française qui occupait le Liban au titre de protectorat, mettront à profit leur démobilisation pour s'installer définitivement au pays du Cèdre. Une autre colonie très peu connue et toujours dans le sillage de l'armée française s'est installée à la fin de la Seconde Guerre mondiale dans l'île de Madagascar. D'ailleurs, la télévision nationale lui a consacré, il y a 20 ans, un moyen métrage très touchant. Mais la plus émouvante communauté installée, bien malgré elle, à l'étranger et qui a fait pleurer des milliers de téléspectateurs, est celle de la Nouvelle-Calédonie. En réalité, il s'agit des arrière-petits-enfants des djounoud de l'armée de Hadj Mokrani. Exilés à des milliers de kilomètres de leur pays natal et bannis par l'armée d'occupation, ces moudjahidine ont passé plus de vingt ans au bagne dans ces îles. Quelques Algériens, apparemment très peu, seraient restés à Cayenne au lendemain de leur libération en tant que prisonniers de droit commun pour s'installer plus tard en Amérique centrale, entre autres, au Panama, selon certains chercheurs. Au total, entre ceux qui se sont volontairement installés en Europe et en Amérique du Nord et ceux qui ont été éparpillés par le sort un peu partout à travers la planète, il y aurait aujourd'hui entre 3 et 4 millions d'Algériens, de fils d'Algériens et de petits-fils d'algériens établis un peu partout dans le monde, à travers les cinq continents. Même en Afrique du Sud, au Cap une petite colonie de compatriotes a vu le jour ces dix dernières années.