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Ainsi va la vie
Destins croisés (2e partie)
Publié dans Info Soir le 11 - 02 - 2004

Résumé de la 1re partie Au hammam, Rahma et Bahia, deux prostituées, parlent de Slimane et Tahar, les deux hommes qui leur ont promis de leur faire changer de statut en les épousant.
Dans l?étroite ruelle de La Casbah qu?elles doivent suivre jusque chez elles, les gens leur cèdent le passage. Certains baissent la tête, d?autres les regardent passer avec un sourire amusé qui disparaît aussitôt quand leurs yeux croisent le regard glacial des matrones.
Et le jour tant attendu par Rahma arrive. De bon matin, Slimane vient la chercher, signe son engagement et elle le suit dans la rue vers la liberté, accompagnée des regards envieux de ses «camarades».
«Attends un moment, Slimane !», lui dit-elle dès qu?ils arrivent au coin de la ruelle.
Slimane, de taille moyenne et trapu, la regarde d?un air interrogateur puis, voyant qu?elle s?est appuyée contre un mur, finit par déposer les lourdes valises qui contiennent tout ce que possède sa nouvelle épouse et demande : «Mais qu?as-tu donc ? Ne veux-tu pas t?éloigner au plus vite de cet endroit maudit ?
? Attends? je dois d?abord reprendre une respiration normale? C?est tellement extraordinaire ce qui m?arrive grâce à toi, Slimane? Merci, merci de tout c?ur.» Et pendant tout le trajet, des larmes de joie coulent sur les joues de Rahma, mouillant sa voilette, un long morceau de tissu fin qu?elle avait demandé à son mari de lui acheter et qui lui cache tout le visage et le cou ; elle a jeté, de façon solennelle ? comme un premier pas vers la «vertu» ? le petit triangle brodé et transparent propre aux femmes de sa condition. C?est dans une petite maison basse de la vieille-ville que Slimane et Rahma emménagent. Quand son mari, qui est facteur, se rend à son travail chaque matin, Rahma reste un long moment assise à savourer son bonheur avant d?entreprendre ses travaux ménagers avec entrain.
Au bout de quelques mois, elle décide d?aider son mari aux dépenses de la petite maisonnée. Grâce à ses connaissances, Slimane, qui a maintenant une confiance aveugle en Rahma, accepte de la faire recruter comme agent de service à l?hôpital. Très vite, elle apprend son travail et tout va pour le mieux pour elle.
La confiance de son mari ne lui a été complètement acquise qu?après de nombreux «tests» qu?il lui a fait subir à son insu. Sciemment, il rentrait à l?improviste pour la surprendre ou surveillait sa fenêtre pendant des heures, dès que son travail le lui permettait, assis à une table du café, en face, d?où elle ne pouvait l?apercevoir. Il lui arrivait aussi souvent de la suivre quand elle se rendait au travail ou au hammam. Mais, à la grande satisfaction de son mari, Rahma a un comportement irréprochable. Et il lui arrive souvent de répéter avec fierté à Omar, son seul ami dans la confidence : «Elle est encore plus vertueuse que certaines épouses de ma connaissance. C?est une vraie femme !
? Tu as fait là un geste qui te vaudra beaucoup de hassanat !», lui répond invariablement Omar. (à suivre...)


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