Perspective n L'air pensif, la tête rentrée dans les épaules et aucun regard pour les caméras «le Barack Obama» est à l'image de la rentrée qui l'attend : anxiogène. Adulé par la presse dans les premières semaines de sa présidence, Barack Obama s'apprête à entrer dans son premier automne présidentiel avec, la perspective de voir les prochains mois sceller le sort de son mandat. Au front étranger, M. Obama a décidé d'envoyer 21 000 soldats américains supplémentaires en Afghanistan, mais la violence ne faiblit pas. Août a été le mois le plus mortel pour les troupes américaines depuis le début du conflit en 2001. Un sondage CNN publié mardi indique que 57% des Américains sont désormais opposés à l'intervention américaine en Afghanistan. Difficile dans ces conditions de «vendre» la guerre, d'autant que le Président afghan sortant, Hamid Karzaï, doit faire face à des accusations de fraude lors de l'élection présidentielle du 20 août. Quant à l'Iran, il s'obstine à ne pas obéir aux injonctions de Washington de cesser son programme nucléaire, tandis qu'entre Israël et les Palestiniens les négociations de paix sont au point mort. Enfin, le Président doit encore liquider l'héritage de l'administration Bush. En tête : la question des très controversées techniques d'interrogation des prisonniers suspectés de terrorisme utilisées par la CIA. Surtout, M. Obama n'a toujours pas précisé ce qu'il comptait faire des presque 300 prisonniers toujours incarcérés à Guantanamo. La question va se faire de plus en plus pressante au fur et à mesure qu'approche janvier 2010, date à laquelle la prison sera fermée. Mercredi 9 septembre, lors d'une allocution devant les deux Chambres du Congrès, M. Obama battra le rappel de ses troupes autour d'un mot d'ordre : faire passer la réforme du système de santé. Son projet, qui vise à offrir une couverture maladie aux 46 millions d'Américains, a été rudoyé par ses adversaires républicains cet été. Barack Obama a certes crié au complot, mais le mal est fait. Sa réforme ne jouit que d'une popularité pour le moins mitigée. Sa cote était de 54% selon le dernier sondage Gallup publié hier et si elle passe sous les 50% d'ici à novembre, elle aura plongé plus vite que celle de tous ses prédécesseurs. L'échec de la réforme du système de santé hypothéquerait le reste du mandat du premier Président noir de l'histoire des Etats-Unis. Et pourtant, les républicains ont beau brusquer le Président sur la réforme, en l'état, les voix des seuls alliés démocrates de M. Obama pourraient suffire pour que le Congrès l'adopte. Même une victoire partielle sur ce terrain donnerait au Président l'aura d'un réformateur social comme les Etats-Unis n'en ont pas connu depuis Lyndon B. Johnson dans les années 60. Mais le salut pourrait bien venir de l'économie. De fait, tous les analystes s'accordent à dire que le gros de la récession est passé. Reste l'épineux chapitre du chômage. Il pourrait atteindre les 10 % et donner de violents maux de tête aux démocrates qui se présenteront aux élections législatives de mi-mandat l'an prochain.