Résumé de la 33e partie n Mary raconte à Royde comment Kay a réussi à se séparer Neville de Audrey, sa première femme, malgré tout l'amour qu'il lui portait.... Mais, en toute honnêteté, je ne crois pas que la situation la gêne du tout. — Pourquoi la gênerait-elle ? Après tout, ça remonte à trois ans. — Les Audrey peuvent-elles jamais oublier ? Elle adorait Neville. Thomas Royde s'agita sur son siège. — Elle n'a que trente-deux ans. Elle a la vie devant elle. — Oh, je sais. Mais elle avait si mal pris les choses ! Elle a sombré dans une dépression profonde, vous savez. — Je sais. Ma mère m'en a parlé dans ses lettres. — D'une certaine façon, je crois qu'il lui a été salutaire d'avoir à veiller sur Audrey. Ça l'a distraite de son propre chagrin... la mort de votre frère. Nous en avons été bouleversées, nous aussi. — Oui. Pauvre Adrian. Il a toujours conduit trop vite. Il y eut un silence. Mary sortit la main par la vitre pour indiquer qu'elle obliquait sur la route de Saltcreek. Dès que la Ford fut engagée sur la petite route sinueuse qui dévalait la colline, elle reprit : — Thomas... Vous connaissez très bien Audrey ? — Comme ci, comme ça. Depuis dix ans, je ne l'ai pas vue souvent. — Non, mais vous l'avez connue enfant. Pour Adrian et pour vous, elle était comme une sœur ? Il acquiesça de la tête. — Montrait-elle... montrait-elle déjà des signes de déséquilibre ? Oh, je crois que les mots dépassent ma pensée. Mais j'ai la conviction qu'il y a maintenant chez elle quelque chose qui ne tourne pas rond. Elle affiche un détachement si complet, son attitude est d'un naturel tellement parfait que... que je me demande souvent ce qui se passe derrière cette façade. Par moments, il me semble qu'elle cache des sentiments d'une extraordinaire violence. Et, je ne sais pas pourquoi, je jurerais qu'elle n'est pas normale. Il y a quelque chose ! Ça m'inquiète. Je sais pertinemment qu'il y a dans la maison une atmosphère qui déteint sur nous tous. Nous sommes nerveux et tendus. Mais je ne sais pas ce que c'est. Et parfois, Thomas, ça me fait peur. — Peur ? Le ton vaguement dubitatif de Royde la fit se ressaisir avec un petit rire contraint : — Ça peut paraître absurde... Mais cela vous explique ce que je vous disais tout à l'heure : votre arrivée peut nous faire du bien, créer une diversion. Ah ! nous y voici. Ils venaient de dépasser le dernier virage. La Pointe-aux-Mouettes était bâtie sur un promontoire rocheux dominant l'embouchure de la Tern. Deux des côtés de la maison donnaient directement sur l'à-pic des falaises. Les jardins et le court de tennis se situaient à la gauche du bâtiment. Le garage, de construction plus récente, avait été édifié de l'autre côté de la route. — Je gare la voiture, dit Mary, et je vous rejoins. Hurstall va s'occuper de vous.