Résumé de la 45e partie n Mr Treves est émerveillé par la façon de danser de Mr Latimer. Seigneur Dieu ! s'exclama Mary. Vous ne voulez pas dire que... — Du tout, du tout. Vous vous méprenez. Je m'en voudrais de rien insinuer à l'encontre de l'un de vos hôtes. Je soulignais seulement qu'un criminel endurci et brutal peut avoir toutes les apparences d'un jeune homme charmant et d'une parfaite urbanité. C'est bizarre, mais c'est ainsi. Il souriait aux anges. — Vous savez, Mr Treves, je crois que vous me faites un peu peur. — Sornettes, chère demoiselle ! — C'est pourtant vrai. Vous êtes... vous êtes un observateur si averti... — Mes yeux, concéda Mr Treves, non sans complaisance, sont tout aussi bons qu'ils l'ont jamais été. Mais est-ce pour le meilleur, ou bien pour le pire ? Il n'est pas encore temps d'en décider. — En quoi pourrait-ce être pour le pire ? Mr Treves hocha la tête, la mine dubitative. — On se trouve parfois en situation d'avoir à prendre ses responsabilités. Et il n'est pas toujours facile de savoir à quelle conduite s'en tenir. Hurstail entra avec le plateau du café. Après avoir servi Mary et le vieil homme de loi, il se dirigea vers Thomas Royde. Puis, sur les instructions de Mary, il déposa son plateau sur une table et quitta la pièce. — Laissez-nous terminer cette danse ! lança Kay par-dessus l'épaule de Ted. Je vais porter le sien à Audrey, dit Mary. Tasse à la main, elle gagna la porte-fenêtre. Mr Treves l'escorta. Comme elle marquait le pas sur le seuil, il regarda par-dessus son épaule. Audrey était assise sur le coin de la balustrade. Au clair de lune, sa beauté reprenait vie - beauté qui trouvait ses racines plus dans les contours que dans les couleurs. Le modelé délicat du cou et des oreilles, l'harmonie subtile du menton et de la bouche, le nez si droit, la tête tout entière comme issue du ciseau d'un sculpteur... Même quand l'âge viendrait, cette beauté ne disparaîtrait pas. La peau pourrait se flétrir, les traits s'altérer, Audrey resterait toujours belle. Sa robe à paillettes multipliait les effets de l'astre de la nuit. Elle ne bougeait pas et Neville Strange, debout en face d'elle, ne la quittait pas des yeux. Il fit un pas en avant. — Audrey, tu... Elle décroisa ses jambes, se leva et se saisit le lobe de l'oreille. — Oh ! ma boucle !... J'ai dû la perdre. — Où cela ? Laisse-moi chercher... Tous deux se penchèrent, maladroits et gênés – et, ce faisant, se heurtèrent. Audrey fit un bond en arrière. — Une seconde ! s'exclama Neville. Mon bouton de manchette... Il s'est pris dans tes cheveux. Ne bouge pas. Elle se figea pendant qu'il essayait de dégager son bouton. — Aïe... Tu m'arraches les cheveux... Ce que tu peux être maladroit, Neville ! Dépêche-toi. — Je te demande pardon, je... je suis un empoté. (à suivre...)