Résumé de la 35e partie n Royde observe de loin Audrey et Kay. Il essaie de se faire une idée sur leur état d'esprit... Neville s'était arrêté à distance égale des deux femmes. La gêne se lut clairement sur ses traits. Avant même qu'il ait pu placer un mot, Kay lança sur un ton qui montait dangereusement et avec une pointe d'hystérie : — Je le veux. Donne-le-moi ! Donne-le-moi, Neville ! Audrey Strange sursauta, tourna la tête, retira sa main et souffla, à peine confuse : — Oh, pardon. Je pensais que c'était à moi que tu parlais, Neville. Thomas vit la nuque de Neville virer au rouge brique. Il fit trois pas en avant et donna le magazine à Audrey. — Oh, mais , murmura-t-elle avec un embarras croissant. Kay repoussa son fauteuil d'un mouvement brusque. Elle se leva, pivota sur les talons, et s'engouffra dans la porte-fenêtre du salon. Avant même que Thomas ait eu le temps d'esquisser le moindre mouvement, elle le percuta de plein fouet. Le choc la fit reculer. Elle le toisa de la tête aux pieds tandis qu'il marmonnait des excuses. Il comprit alors pourquoi elle ne l'avait pas vu. Un rideau de larmes lui brouillait les yeux - des larmes de fureur, jugea-t-il. — Bonjour, jeta-t-elle. Qui diable êtes-vous ? Oh, j'y suis. L'homme qui débarque de Malaisie ! — Oui. Je suis bien l'homme qui débarque de Malaisie. — Je donnerais cher pour y être, en Malaisie ! N'importe où sauf ici ! Je déteste cette affreuse baraque ! Et je déteste tous ceux qui s'y trouvent ! Thomas Royde n'avait jamais supporté les scènes. Il lança à Kay un coup d'œil circonspect et marmonna nerveusement : — Ah hum ! — Si on n'y prend pas garde, je sens que je vais tuer quelqu'un ! grinça la jeune femme. Ou bien Neville, ou bien cette chipie, avec ses airs de sainte-nitouche ! Elle l'écarta et quitta le salon en claquant la porte. Thomas Royde demeura interdit, incertain de ce qu'il allait faire mais, à coup sûr, satisfait du départ de la jeune Mrs Strange. Pensif, il regarda la porte qu'elle avait claquée avec tant de vigueur. Elle avait quelque chose d'une furie, cette petite ! Une ombre se silhouettait dans l'encadrement de la porte-fenêtre. Neville Strange venait de s'y arrêter, un peu haletant. Il adressa à Thomas de vagues salutations : — Oh Salut, Royde. Je ne savais pas que vous étiez arrivé. Vous n'auriez pas vu ma femme, par hasard ? — Nous nous sommes croisés il y a deux secondes. Neville à son tour quitta le salon, la mine soucieuse. Thomas Royde se dirigea à pas lents vers la terrasse. Il possédait l'art de se déplacer sans bruit. Il n'était plus qu'à un mètre d'Audrey lorsqu'elle prit conscience de sa présence et tourna la tête.