Résumé de la 71e partie n Neville avoue à Kay qu'il n'a jamais cessé d'aimer Audrey… Kay parvint à contrôler sa voix : — Tu me proposes quoi, au juste ? Mâchoires serrées, Neville regardait le bout de ses chaussures. — On peut divorcer. A mes torts, pour abandon. — Pas avant un bon bout de temps. Il va falloir que tu attendes. — J'attendrai. — Et d'ici trois ans, ou Dieu sait combien, tu demanderas à cette chère et douce Audrey de remettre ça ? — Si elle veut bien de moi. — Tu parles, qu'elle voudra de toi ! grinça la jeune femme. Et moi, qu'est-ce que je deviens, dans le tableau ? — Toi, tu seras libre de trouver un type mieux que moi. Bien entendu, je veillerai à ce que tu ne manques de rien et... — Tu essaies de m'acheter, ou quoi ? Le ton de Kay grimpait à l'aigu. Elle ne se maîtrisait plus : — Ecoute-moi bien, Neville. Tu ne me feras pas le coup ! Je ne divorcerai pas. Je t'ai épousé parce que je t'aimais. Je sais exactement quand tes sentiments à mon égard ont changé. C'est lorsque je t'ai révélé que je t'avais suivi à Estoril. Tu préférais croire que c'était le Destin qui nous avait fait nous retrouver. Découvrir que c'était moi t'a atteint dans ta vanité de mâle. Eh bien, je n'ai pas honte de ce que j'ai fait. Tu es tombé amoureux de moi, tu m'as épousée, et je ne vais pas te laisser filer dans les bras de cette mijaurée. Elle a tout manigancé pour qu'on en arrive là, mais ça ne se passera pas comme ça ! Je te tuerai avant, tu m'entends ? Je te tuerai, et je la tuerai aussi. Je vous ferai crever tous les deux. Je... Neville fit un pas en avant et agrippa le bras de sa femme. — Tais-toi, Kay ! Je te somme de te taire ! Ce n'est pas l'endroit pour ce genre de scène. — Ah, ce n'est pas l'endroit ? Eh bien, c'est ce qu'on va voir ! Je... Hurstall déboucha sur la terrasse. Son visage était impassible. — Le thé est servi dans le salon, annonça-t-il de son air le plus digne. Kay et Neville se dirigèrent lentement vers la porte-fenêtre. Le maître d'hôtel s'effaça pour les laisser passer. Dans le ciel, les nuages s'amoncelaient. La pluie commença de tomber vers 7 heures moins le quart. De la fenêtre de sa chambre, Neville observait les trombes d'eau. Il n'avait plus reparlé avec Kay. Après le thé, les deux époux s'étaient évités. Ce soir-là, le dîner fut pénible pour chacun. Neville était perdu dans ses pensées. Contre toutes ses habitudes, Kay s'était tartiné le visage d'une épaisse couche de maquillage. Audrey offrait l'apparence d'un fantôme de glace. Mary Aldin s'escrimait à entretenir un semblant de conversation et déplorait de constater que Thomas Royde ne secondait guère ses efforts. Hurstall ne pouvait cacher sa nervosité. Ses mains tremblaient tandis qu'il servait les légumes. Comme le repas approchait de sa fin, Neville annonça avec un détachement étudié : — Je vais peut-être bien faire un saut à Easterhead, après le dîner, histoire de retrouver Latimer. J'ai assez envie d'une bonne partie de billard. — Si vous devez rentrer tard, prenez la clé de la porte d'entrée, lui recommanda Mary. — Entendu. Merci. (à suivre...)