Brice Hortefeux, ce fidèle de Sarkozy, a pris le relais d'un préfet en s'adonnant, lui aussi, à des propos jugés racistes. Concernant un jeune militant UMP d'origine maghrébine, le ministre a lancé : «Quand il y en a un, ça va. C'est quand il y en a beaucoup qu'il y a des problèmes.» «Il ne correspond pas du tout au prototype, il en faut toujours un. Quand il y en a un ça va. C'est quand il y en a beaucoup qu'il y a des problèmes.» Ce sont les termes utilisés par Brice Hortefeux, ministre français de l'Intérieur, qui ont déclenché l'indignation de l'opposition. Ces propos ont été proférés en guise de réponse à une militante de l'UMP qui lui présentait, à l'occasion de l'université d'été du parti, un jeune d'origine immigrée : «Il mange du cochon, il boit de la bière.» L'ensemble de la scène se déroule dans une ambiance de rires et de plaisanteries, en compagnie de Jean-François Copé, président du groupe UMP à l'Assemblée nationale. Filmée par les journalistes de la chaîne publique Sénat et projetée sur la toile, la vidéo a été visitée par pas moins d'un million d'internautes, dont la plupart ont laissé des commentaires condamnant les propos du ministre. Suite à ses propos, le ministre a été mitraillé de partout notamment par des personnalités politiques qui ont vite réagi pour dénoncer ces propos «racistes» qui constituent un énième dérapage des politiques de l'UMP. Ainsi, Le porte-parole du Parti socialiste Benoît Hamon, dénonçant des propos «honteux et inqualifiables», s'est demandé ce que faisait «encore au gouvernement» Brice Hortefeux. La dirigeante du PS, Martine Aubry, et la socialiste Ségolène Royal, ont réclamé son départ du gouvernement. Les Verts ont, quant à eux, fustigé l'expression d'un «racisme banal, bête et méchant». L'affaire est d'autant plus malvenue pour M. Hortefeux qu'il a récemment sanctionné un préfet, mis mercredi dernier à la retraite d'office parce qu'il était accusé de propos racistes. «Je me dis que le plus raciste des deux, ce n'est pas moi», a réagi vendredi dernier le préfet, Paul Girot de Langlade, poursuivi pour «injures publiques à caractère racial». De son côté, le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap) a accueilli avec «stupeur, mais sans surprise, les propos racistes» du ministre et l'association SOS Racisme a exprimé sa «consternation». Ancien collègue de M. Hortefeux au gouvernement, Azzouz Begag, d'origine algérienne, a dit, pour sa part, ne pas être surpris. «C'est un vrai bon dérapage franchouillard raciste qui n'a rien d'étonnant venant d'un ministre qui mène une politique xénophobe», a-t-il déclaré. Néanmoins, Brice Hortefeux a reçu le soutien plus embarrassant du président du Front national (extrême droite), Jean-Marie Le Pen, qui a dénoncé sur son blog une «censure antiraciste» exercée, selon lui, en France. Aussi, le Président français, dont cette vive polémique touche l'un de ses collaborateurs réputés les plus proches, a réagi, hier soir, sans se prononcer sur le fond. «Je n'ai vraiment pas de temps à perdre avec ça», a-t-il déclaré. Rappelons qu'il l'a chargé, au début de son mandat, de mettre en œuvre une politique restrictive sur le principe de l'immigration choisie, avec un recours accru aux reconduites aux frontières.