Résistance n Au moment où le terrorisme frappait partout, ils n'ont pas quitté la cabine de leur camion… Eux, ce sont les chauffeurs routiers. Ils ont bravé la peur et la terreur qui a sévi dans notre pays une décennie durant. Au péril de leur vie, armés de leur seul courage, ces camionneurs assuraient l'acheminement de toutes sortes de marchandises aux quatre coins du pays. D'ailleurs, nombre d'entre eux étaient la cible des terroristes. Ils ont subi des humiliations morales et physiques dans les faux barrages. Provenance de la marchandise, propriétaire du matériel roulant, la destination, autant de questions auxquelles le chauffeur, tombé alors entre les mains des terroristes, devait répondre. Certains, pris de panique, n'arrivaient pas à prononcer le moindre mot et là, des coups d'une rare violence s'abattaient sur eux et parfois la scène prenait une tournure plus dramatique allant jusqu'à l'assassinat de ceux qui n'obtempéraient pas. Dans ce sillage, un chauffeur de la Société nationale du transport routier (Sntr) nous a confié que la société a payé un lourd tribut durant les années noires qu'a vécues l'Algérie. «Bien que celle-ci n'ait perdu aucun de ses chauffeurs dans des attentats terroristes, mais, côté matériel, le bilan est lourd avec des dizaines de camions incendiés et des marchandises volées ou détruites», a-t-il indiqué. Rencontré à proximité du port d'Alger, Ammi Amar, 56 ans, dit avoir cumulé 31 ans de service à la Sntr, dont il est toujours l'employé. Il nous fait savoir que durant cette période la peur ne le quittait pas d'un pouce. «Il n'y avait pas un chauffeur qui quittait le parc pour une mission sans faire ses adieux à ses collègues, et ce, de peur de ne plus les revoir», confie-t-il avant d'ajouter : «Mes jours de récupération, je les consacrais à ma famille dont je profitais au maximum car je n'étais pas du tout sûr de les revoir à ma prochaine récupération. D'ailleurs, je sortais souvent en pleurs en partant au travail», lâche-t-il, les larmes aux yeux. Néanmoins, notre interlocuteur affirme que malgré le danger les guettant à chaque virage tout au long du périple, les chauffeurs continuaient à travailler, bravant le danger. Il faut dire que l'abnégation dont ont fait preuve ces chauffeurs a permis de maintenir l'activité économique du pays, en assurant l'acheminement de marchandises parfois même dans des régions classées «zones interdites».