Source n La wilaya de Tizi Ouzou est alimentée en eau potable par l'oued Sebaou, qui fournit à la population plus de 80 % de l'eau qu'elle consomme. Aujourd'hui, cette source de vie de toute une région est exposée à une imminente et irréversible pollution, conséquence d'une surexploitation, depuis plus de deux décennies, de son lit par les extracteurs de sable. La situation est alarmante et depuis 1983, rien n'a été fait pour arrêter le massacre de l'oued, si ce n'est des textes réglementant ou interdisant l'extraction de sable qui n'ont jamais connu d'application. Aujourd'hui, c'est l'avenir de toute une région qui risque d'être compromise et les 7 sablières installées sur le Sebaou continuent de puiser du milieu poreux qui protège la nappe phréatique (eaux souterraines) de l'oued. Pourtant la direction de l'hydraulique, les élus locaux (APW et certaines APC), les comités de villages et les mouvement citoyen, n'ont pas cessé de tirer la sonnette d'alarme en direction des autorités concernées. Aujourd'hui l'affreux constat est là : des forages d'alimentation en eau potable situés à proximité des sites d'extraction sont asséchés ou pollués, la nappe est dénudée en plusieurs endroits, son niveau a baissé par évaporation et elle est exposée à la pollution par les eaux stagnantes et les décharges sur l'oued… Des experts remarquent que «la nappe du Sebaou est alluvionnaire et libre, et l'extraction effrénée de tout-venant provoque la baisse par évaporation du niveau des eaux souterraines et accentue le risque de sa contamination par les différents rejets que reçoit l'oued, qui est devenu réceptacle des rejets des unités industrielles». Par ailleurs, il est constaté également la détérioration de la qualité de l'eau, ce qui est dû, selon des médecins du CHU, à une sur-javellisation de l'eau. En mai dernier un taux de 0,8 mg de chlore par litre d'eau a été relevé. Or, utilisé à fortes doses, le chlore contenu dans l'eau de Javel devient dangereux pour la santé du consommateur car il s'agit d'un produit cancérigène et provoque entre autres le cancer de la vessie. Conséquence de la pollution de l'eau par l'infiltration des eaux stagnantes, plusieurs forages qui présentent un risque sur la santé de la population ont été fermés par les services concernés, tels ceux qui alimentent Ouaguenoun, Tala Athmane, Mekla Boukhalfa, Tizi Ouzou Timizart et Tadmaït. L'arsenal juridique mis en place pour mettre un terme à la surexploitation de l'oued n'a pas connu d'application sur le terrain. Aujourd'hui, on parle de l'arrêt de toute exploitation de l'oued à partir du 31/12/2006, date à laquelle arriveront a échéance les contrats d'exploitation des 7 sablières implantées sur le Sebaou. Le wali promet de préserver la principale ressource hydrique de la wilaya en recourant à des agrégats de carrières et en ne renouvelant pas les contrats des sexploitants de sablières implantées sur l'oued. Mais beaucoup restent pessimistes quant à l'application effective de cette nouvelle mesure lorsqu'on sait que depuis 1990, année ou a été publié le premier texte portant interdiction d'extraction de tout-venant d'oued à l'aide de pelles baladeuses (mars 1990) et jusqu'à celui interdisant temporairement, jusqu'à nouvel ordre, toute extraction de sable et tout-venant au niveau de l'ensemble des oueds de la wilaya (février 2005), l'exploitation n'a jamais cessé…