Patrimoine n L'activité socio-commerciale centrée depuis des siècles sur le site d'El-Qissariya, a contribué à préserver l'aspect urbanistique et civilisationnel de ce site historique conçu durant l'ère zianide. Eu égard aux autres monuments de la vieille médina qui ont disparu, ou ont changé d'aspect architectural du fait de la modernisation et de l'extension urbaines, comme les anciens derbs des fekharine et debbaghine, ou même des maisons de justice, la ruelle d'El-Qissariya a su sauvegarder son aspect urbanistique original grâce à la pratique commerciale en continu. Selon le chercheur et chef du département de l'archéologie à l'université Aboubakr-Belkaïd de Tlemcen, le professeur Sidi Mohammed Negadi, Qissariya, qui tient son nom du grand César, constitue un espace urbain où ont lieu des pratiques commerciales et financières, à l'instar des autres villes du Maghreb et d'Andalousie comme Fès, Carthage et Cordoba. Quant à l'aspect urbanistique, le chercheur signale que l'ancienne ville de Tlemcen était autrefois divisée en trois sections : celle des décideurs englobant le mechouar, du palais du gouverneur et des structures d'accompagnement, en plus de la grande mosquée et dar el-qadi. La seconde fut jadis le lieu des opérations commerciales et artisanales alors que la troisième était habitable. Toutes ces parties s'enchevêtraient dans un aspect architectural étrange et complexe. El-Qissariya avec ses structures et ses commerces se situe dans la seconde section de la vieille médina, constituant un trait d'union entre la première section représentée par le siège du gouvernement, la justice et les maisons de contrôle, et la troisième réservée aux populations. «Ce site historique abritant des activités est soumis au contrôle des chefs d'offices gouvernementaux de l'époque zianide. Sa position stratégique lui a conféré un rôle efficace dans le contrôle du marché et du commerce interne et externe», explique l'universitaire. Selon les premières informations archéologiques, la Qissariya fut la seule issue menant vers la vieille médina qui englobe des vieilles bâtisses. Cette région commerciale se répartissait, elle aussi, en plusieurs stands, notamment celui des herboristes, avec des commerces divers de vente de plantes médicinales, arômes, épices... Un autre stand est réservé aux bijoutiers. El-Qissariya se caractérise aujourd'hui par la vente de vêtements féminins, notamment les habits traditionnels et trousseaux de la mariée. D'autres produits comme les couvertures, la literie, les ustensiles de céramique et de bronze sont également exposés dans cette ruelle qui draine quotidiennement un grand nombre de jeunes filles, accompagnées de leurs proches, venues de Tlemcen ou d'autres régions pour s'approvisionner en accessoires de mariage. La vieille médina continue ainsi d'évoluer dans l'ambiance qui l'a toujours caractérisée, avec toute l'authenticité de son style architectural traditionnel, mais aussi de sa chaîne de ruelles exiguës et sinueuses à plusieurs portes menant vers El-Qissariya.