Saddam Hussein est aux mains des Américains et son régime a disparu, mais son poissonnier, Ayyoub al-Obeidi, n'oublie pas l'«époque glorieuse» où il cuisinait pour les hauts dignitaires, surtout le fils cadet du président déchu, Qoussaï, un «fin gourmet». «Je comptais parmi mes clients Saddam, sa femme Sajida, leurs enfants et tous les ministres et hauts fonctionnaires du régime», raconte M. Obeidi, 64 ans, en sirotant un thé dans son restaurant de l'avenue Abou Nawwas. «Saddam adorait mon poisson. Il envoyait ses gardes m'en commander deux ou trois fois par semaine. La dernière fois c'étaient deux mois avant la chute du régime», en avril 2003, ajoute-t-il, en suivant du regard le cours paresseux du Tigre. «Une fois, son garde du corps le plus fidèle m'a demandé 20 gros poissons pour le lendemain matin, sans me donner de détails», se souvient-il. «Mais, mon préféré c'était Qoussaï», avoue-t-il, en notant que «personne ne s'y connaissait en poissons comme lui. Le fin gourmet qu'il était venait ici pour manger le masgouf", un poisson cuit au feu de bois. Embrassant du regard son restaurant vide, M. Obeidi conclut en soupirant : «J'espère que les nouveaux dirigeants irakiens finiront par venir ici, comme le faisaient ceux de l'ancien régime».