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Quand le débat fait défaut
Publié dans Info Soir le 29 - 09 - 2009

Dafaillance n Malgré l'ampleur des contestations et les émeutes qui éclatent çà et là, on continue à banaliser le phénomène.
Ces contestations brutales et violentes ne suscitent pas un débat public qui, pourtant, serait nécessaire si on veut vraiment analyser la situation et trouver des solutions aux problèmes soulevés. Le silence des intellectuels et de la classe politique face à ces expressions violentes de la société demeure aussi un phénomène étonnant pour ne pas dire intrigant. Ce qui, bien entendu, ne permet pas d'avoir une vision plus claire et des explications concernant ces violences.
Les quelques interventions d'hommes politiques pour le traitement des conflits sont parfois loin d'être des initiatives louables lorsque la surenchère politique et les manipulations pour récupérer des mouvements de protestation nés dans la rue, sont leur premier objectif.
Si l'incapacité des hommes politiques a été ressentie à maintes reprises dans ce genre de conflits, les citoyens ont le droit de s'interroger aussi sur le rôle des intellectuels entre écrivains, sociologues et autres spécialistes du domaine politique et social.
Des initiatives de nos chercheurs universitaires pour apporter des éclaircissements et leur contribution pour le règlement de ce problème sont vivement souhaitées. Le phénomène n'est pas lié seulement aux caractéristiques socioculturelles et au tempérament des Algériens et au système politique en vigueur dans le pays. C'est un comportement que toutes les sociétés sont appelées à adopter à un moment donné de leur histoire. Mais le silence et l'absence de débat public concernant le sujet sont, peut-être, propres à l'Algérie. En effet, rares sont les pays qui sont prêts à banaliser la fréquence et l'intensité des mouvements de protestations de la rue. La presse nationale, de son côté, n'est pas exempte de tout reproche puisque hormis la couverture de ces mouvements de protestation, elle n'a que rarement tenté d'analyser le phénomène objectivement.
En France, par exemple, en 2005, les émeutes et les violences qui avaient éclaté dans les banlieues parisiennes avaient suscité la réaction des médias, des hommes politiques mais aussi des chercheurs. De nombreux livres écrits par différents chercheurs et spécialistes juste après ces événements ont tenté d'expliquer ce phénomène et d'étudier scientifiquement ses causes latentes ou explicites, mais aussi de prévoir ses conséquences.
Dans notre pays, hélas, il n'y a aucun débat public dans ce sens. Certains de nos médias se contentent seulement de couvrir ces événements et de se lancer dans le sensationnel en traitant l'information.
Certes, il faut l'avouer notre presse accuse un manque important de spécialistes pouvant justement analyser ce genre de questions, mais il faut dire qu'ils ne donnent que rarement la parole aux sociologues et autres spécialistes qui puissent éclaircir un tant soit peu la situation.
Une chose est sûre, il est primordial pour l'instauration d'un débat et la résolution des crises et des violences dans notre pays que l'intelligentsia nationale et les intellectuels s'expriment dans la diversité des opinions pour trouver des alternatives possibles à l'émeute.


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