Violence n Après le bain de sang provoqué par les forces de l'ordre qui ont fait au moins 157 morts et plus de 1 200 blessés, la junte a interdit les «regroupements subversifs». «Je déclare les journées de mercredi et jeudi journées de deuil national», a indiqué le chef de la junte, le capitaine Moussa Dadis Camara, hier, mardi. «Sur ce, tout regroupement de quelque nature que ce soit à caractère subversif est interdit», a-t-il ajouté. Moussa Dadis Camara a affirmé, par ailleurs, «ne pas contrôler l'armée», tentant de minimiser sa responsabilité dans cette sanglante répression. «L'événement m'a dépassé. Cette armée, je ne contrôle pas toutes ses activités. Dire que je contrôle cette armée serait de la démagogie», a-t-il déclaré. Conakry a été livrée, hier, à de nouvelles scènes d'exactions avec trois jeunes tués par des soldats guinéens, au lendemain d'une manifestation réprimée par les forces de l'ordre, qui ont tué 157 opposants et se sont livrées à des actes barbares. «Nous avons enregistré aujourd'hui encore trois cas de mort par balles de l'armée à Conakry», a déclaré le responsable de l'Organisation guinéenne de défense des droits de l' homme (Ogdh), Thierno Maadjou Sow.» «Les jeunes sont sortis dans la rue et les militaires leur ont tiré dessus.» «Il y a aussi un fait inédit, des militaires sont allés enlever les blessés en traitement à l'hôpital Donka (pour les emmener vers une destination inconnue) ainsi que des femmes violées qui étaient en traitement dans un centre de santé», a-t-il ajouté. Mais en soirée, la Télévision nationale a affirmé qu'il s'agissait d'évacuations sanitaires, probablement vers l'étranger, décidées par la junte. «Les exactions continuent dans les quartiers, perpétrées par des militaires. Même s'il n'y a personne dans la rue, ils tirent en l'air, pillent des boutiques et frappent les gens», selon un habitant. Conakry était, hier, «ville morte» où règne «une psychose liée à la présence des militaires», a déclaré la présidente de la Fondation Colle, Chantal Colle, qui s'occupe des jeunes et des femmes en difficulté. Au lendemain de la répression sanglante de lundi dernier, où des opposants ont été rassemblés par dizaines de milliers dans le plus grand stade de Conakry par les forces de l'ordre, la junte au pouvoir en Guinée a été accusée, hier, d'avoir provoqué un «massacre». Le bilan de 157 victimes pourrait encore s'alourdir, plusieurs sources ayant accusé les militaires d'avoir ramassé des corps pour dissimuler le véritable bilan. Pour sa part, le ministère de l'Intérieur ne fait état que de 57 morts, dont 4 par balles perdues. Les manifestants s'étaient réunis pour exprimer leur opposition à l'éventuelle candidature à la présidentielle prévue en janvier prochain du chef de la junte, arrivé au pouvoir en décembre dernier. Les forces de l'ordre ont tiré sur la foule et plusieurs sources les ont accusées de s'être livrées ensuite à de véritables scènes de barbarie, notamment des viols.