Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon et l'Union africaine ont fermement condamné l'usage excessif de la force contre les manifestants et appelé les forces de sécurité à la retenue. Au moins 157 personnes ont été tuées et 1253 blessées lundi à Conakry lors de la violente répression d'une manifestation de l'opposition par les forces de sécurité, a indiqué hier le responsable de l'Organisation guinéenne de défense des droits de l'Homme (Ogdh). «Nous avons enregistré jusqu'à maintenant 157 morts et 1 253 blessés. Nos éléments ont circulé un peu partout à Conakry et dans les hôpitaux mais ils n'ont pas pu tout voir», a ajouté Thierno maadjou Sow. Le précédent bilan, de source policière, faisait état lundi soir de 87 morts. L'opposition avait de son côté estimé hier matin à au moins 128 le nombre de morts. Un véritable carnage qui a soulevé l'indignation de la communauté internationale qui a condamné fermement ce massacre. Hier, des tirs sporadiques étaient entendus à Conakry où de nombreux commerces étaient fermés et les forces de l'ordre déployées au lendemain de la sanglante répression d'une manifestation de l'opposition dans la capitale guinéenne, ont indiqué des témoins. Peu de véhicules circulaient dans la ville, encore sous le choc après l'une des journées les plus meurtrières de ces dernières années. «Nous n'avons pas dormi dans notre quartier, les tirs n'ont pas cessé toute la nuit et se poursuivent jusqu'à maintenant», a indiqué hier un habitant de Dar Es-Salam, un quartier de la banlieue de Conakry. La journée du lundi a été marquée par de graves répressions des manifestants de l'opposition qui se sont regroupés dans un stade de la capitale Conakry. Au moins 87 personnes hostiles à la junte au pouvoir en Guinée ont été tuées par balles lundi, selon une source policière, et deux chefs de l'opposition blessés par des militaires. C'est la première fois que la junte écrase une manifestation dans la violence depuis qu'elle a pris le pouvoir il y a neuf mois. La journée de lundi a été la plus meurtrière de ces dernières années en Guinée. Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a déploré l'usage excessif de la force contre les manifestants et appelé les forces de sécurité à la retenue, dans un communiqué diffusé lundi soir. «Il est choqué par les pertes en vies humaines, le nombre élevé de blessés et la destruction de biens, suite à l'usage excessif de la force», indique le texte. Pour sa part, la Commission de l'Union Africaine (UA) a «condamné fermement» la répression meurtrière lundi d'une manifestation de l'opposition en Guinée et a «exigé la libération des personnes arrêtées», dans un communiqué publié hier. L'UA «exprime sa grave préoccupation face à la situation qui prévaut en Guinée, notamment la répression par les forces de sécurité et les forces armées d'un rassemblement pacifique organisé, hier, par le Forum des Forces vives au Stade du 28 septembre, à Conakry», indique le texte. «La Commission condamne fermement les tirs indiscriminés contre des civils désarmés, qui ont fait des dizaines de morts et de nombreux blessés, cependant que d'autres violations graves des droits de l'homme étaient commises», ajoute l'organisation continentale. Ancienne puissance coloniale, la France a condamné «avec la plus grande fermeté» cette «répression violente» et les Etats-Unis se sont déclarés «profondément inquiets». Lundi, plusieurs dizaines de milliers de manifestants s'étaient rassemblés dans le plus grand stade de Conakry pour dire leur opposition à l'éventuelle candidature du chef de la junte, le capitaine Moussa Dadis Camara, à la présidentielle prévue en janvier. Après l'intervention des forces de sécurité, venues évacuer le stade, «il y a 87 corps qui ont été ramassés dans et autour du stade après le passage des militaires», a indiqué un responsable de la police sous couvert de l'anonymat. Un peu plus tôt dans la journée, un médecin du Centre hospitalier universitaire de Donka, avait lancé: «C'est la boucherie! Un carnage.» Une autre source médicale, à l'hôpital Ignace Deen de Conakry, a assuré qu'un camion militaire était venu pour ramasser des «dizaines de corps», emmenés vers «une destination inconnue». Un membre de la Croix-Rouge a également évoqué «une volonté de dissimuler les corps des victimes». Dans un entretien diffusé lundi soir par Radio France Internationale (RFI), le chef de la junte a déclaré attendre «qu'on (lui) donne les chiffres (des morts)». «C'est malheureux, c'est dramatique. Effectivement, il y a eu des morts, mais je n'ai pas encore les chiffres. Je suis là et j'attends qu'on me fasse le point de la situation. Très franchement parlant, je suis très désolé, très désolé», a-t-il ajouté. Ces violences interviennent au moment où la communauté internationale fait pression sur le chef des putschistes pour qu'il respecte son engagement de ne pas se présenter à la présidentielle.