A cause de son caractère sacré, le sang a aussi des propriétés magiques : les sacrifices sanglants sont censés établir la communication avec les forces surnaturelles, génies ou saints. Les djinns hantant les endroits souillés de sang, on recommande de ne pas marcher sur les flaques de sang. Le sang du sacrifice de l'aïd est utilisé, contre l'avis des orthodoxes, à des fins magiques. En Algérie, les vieilles femmes aussitôt le mouton sacrifié, saisissent le couteau avant qu'il ne soit jeté à terre. Elles marquent de sang le front des jeunes filles et des jeunes hommes, pour les débarrasser de toutes les mauvaises influences. Ce rite d'exorcisme, très répandu en Kabylie, est appelé tuccarka, «association» ‘'et le rite tuksa n tucerka'', «la suppression de l'association», ce terme s'entendant d'une association ou plutôt d'une intrusion du mauvais sort. Un rite similaire existe au Maroc. Chez les Aït ‘Atta, on recueille le sang du mouton de l'Aïd, ainsi que ses cornes, une patte, des poils et le fiel, que l'on mélange avec d'autres produits, dont le henné. Le tout est placé dans des vases que des jeunes filles portent sur la tête. Ces mêmes jeunes filles sont suivies par un cortège de femmes et d'enfants, et parfois d'hommes qui tirent des coups de feu. Les jeunes filles tournent autour d'un arbre sacré, jettent les vases qui se brisent et s'enfuient, brisant ainsi les mauvaises influences qui menacent la communauté.