Résumé de la 1re partie n La mère, ne supportant pas l'idée que sa fille puisse être plus belle qu'elle, dresse un plan pour l'éliminer… Ses vêtements étaient déchirés. Tant de beauté éblouit le serpent ; tant de grâce et de faiblesse l'émeuvent. Il remercia Dieu dans son cœur. L'enfant tremblait. Il lui dit : Ne crains rien, je ne te ferai aucun mal. Mais dis-moi, petite fille, ce qui t'a conduite jusqu'à moi. Elle était sur le point de pleurer mais entendant le serpent lui parler dans un langage humain, elle se sentit rassurée. Elle lui dit : — Je tenais une pelote de laine : elle était lourde. Elle est tombée de mes mains et elle a roulé, roulé. Je l'ai suivie... Je l'ai perdue de vue et j'ai continué à marcher jusqu'ici. Il prit de l'eau pour lui laver le visage, les mains et les pieds. Il la fit asseoir et lui servit à manger. Elle mangea de la galette de blé et but du lait. Dans un endroit bien abrité, il lui étendit une couche et l'y conduisit pour qu'elle se repose. Il faut dire que ce serpent n'était pas un véritable serpent. D'abord, il avait commencé par être un homme heureux : il possédait une maison, une femme, de nombreux champs et toutes sortes de biens et de richesses. Mais une nuit, par mégarde, il marcha sur un serpent. Ce serpent le regarda, se dressa et lui soufflant son haleine au visage, lui dit : — Tu m'as écrasé. Tu deviendras serpent comme moi et tu le resteras tant que je vivrai, afin que les hommes te foulent aux pieds ! C'est ainsi qu'il fut changé en serpent. Il abandonna sa famille, sa maison et tous ses biens. Il déserta le monde et se réfugia dans la forêt. Il se rapprocha des bêtes, se mit à vivre à leur façon, à se nourrir de chair et de sang. Mais si son corps était celui d'un serpent, son cœur et son esprit étaient restés ceux d'un homme. Il n'avait fui ses semblables que dans la crainte d'être écrasé par eux. Mais la solitude lui était amère. Elle le minait. Depuis longtemps il n'avait vu l'ombre d'un être humain lorsque lui apparut la fillette. C'est pourquoi, à la vue de son visage de rose et de ses petits membres fatigués, le serpent éprouva de la tendresse. L'enfant s'était endormie. Il sortit, tua deux perdrix, ramassa des légumes, cueillit des fruits et rentra. Il alluma le feu, mit en train le repas et alla réveiller la fillette. Il lui demanda avec douceur : — Quel est ton nom ? Quel est le nom de ton village et quel est celui de tes parents pour que je te conduise chez eux ? Elle répondit : — Je m'appelle Jedjiga, mais je ne sais ni le nom de mes parents ni celui de mon village. Le serpent qui ne pouvait reparaître aux yeux des humains, se tut. Il réfléchit longuement et finit par dire : — Tu resteras ici jusqu'à ce que Dieu t'ouvre un chemin. Tu seras mon enfant. Mais tu devras m'obéir et ne jamais dépasser le seuil de la caverne. Nous sommes ici dans le royaume des bêtes ; il pourrait t'arriver malheur si tu t'y aventurais. Le serpent l'éleva. Il fut pour elle à la fois un père et une mère. Il lui apprit à préparer les repas et à aimer l'ordre. Il la combla de tendresse. Elle lui obéit tant qu'elle était petite ; devenue adolescente, elle connut l'ennui. Elle eut la nostalgie du ciel, du soleil. Elle voulut découvrir le monde. (à suivre...)