Contribution n Mustapha Nedjaï, directeur artistique du Festival de la bande dessiné,e revient, dans cet entretien sur la 2e édition du Festival international de la bande dessinée d'Alger (FIBDA), qui a pris fin hier, mais aussi sur le 9e art en général. InfoSoir : Quel est l'intérêt des concours ? Mustapha Nedjaï : Ils ont pour but de stimuler la création et d'encourager les jeunes auteurs. C'est aussi une manière de dénicher les talents. La liste des lauréats sera publiée. Que pensez-vous du festival ? C'est une bonne chose. L'intérêt, c'est d'ailleurs la relance de la bande dessinée. A l'époque, dans les années 1970, on avait presque une cinquantaine d'albums édités. 25 ans plus tard, on se retrouve dans un vide total. Rien. Ce festival va permettre la relance. Et de la participation, du contenu ? A la première édition, on avait environ 300 participants de tout le pays, même du Sud. Et on avait une qualité de travail extraordinaire. Avec cette deuxième édition, on a plus que le triple de jeunes talents participant aux concours. Et la qualité y est. Il y a des auteurs qui peuvent rivaliser avec les internationaux. La relance de la bande dessinée, est la chose la plus importante. Et elle ne peut passer qu'à travers les jeunes. Que faut-il faire pour relancer la création ? Un mixte. C'est-à-dire que le festival contribue à cela, et ce, par le biais de l'organisation des concours, du lancement d'une revue. Il y a aussi le concours des éditeurs qui, aujourd'hui, osent s'investir dans la B.D. et également un soutien de l'Etat, parce qu'on ne peut pas démarrer comme ça. Et déjà l'Etat, je crois, à travers le ministère de la Culture, a fait son travail, en institutionnalisant un festival de la bande dessinée, l'appuyant et le soutenant. La relance nécessite le concours de tous les acteurs concernés. Il est vrai que les éditeurs sont frileux quant à l'édition de la B.D ? C'est vrai que l'édition de la B.D est un peu chère. C'est comme les beaux livres. Il y a une grande différence entre le coût d'un album et celui d'un livre (roman). Quand on édite un album, il faut investir dans la qualité du papier, de l'impression, des couleurs. Il faut trouver des solutions dans le domaine de l'édition de la B.D. Il faut réfléchir à la manière de rendre les albums plus accessibles. Toutefois, je crois que certains éditeurs ont commencé à publier des albums de B.D. Je crois que ça commence. On est au début. Que pensez-vous de la bande dessinée ? Moi, je suis déjà un artiste disons «assez connu pour mon engagement». Si je participe à ce festival, c'est parce que je considère que l'art le plus anticonformiste, c'est bien la B.D. Comme c'est un apport de plus à la démocratie, je suis heureux de m'y trouver. Que pensez-vous de la B.D algérienne ? Le plus étonnant, c'est que l'Algérie est le premier pays arabe à avoir réalisé des B.D. Avec ce festival, il y a une tradition qui est en train de se rétablir et des talents qui se font connaître. Ça veut dire qu'il y a quelque chose qui est là. Ce n'est pas quelque chose de nouveau qu'on n'avait pas et qu'on va créer. Rien de nouveau. La B.D a un ancrage, un passé. On peut vraiment espérer une relance. l Le rideau est tombé, hier, à l'esplanade de Riad-El-Feth, sur la 2e édition du Festival international de la bande dessinée d'Alger (FIBDA), qui s'est déroulé du 14 au 18 octobre, sous le thème «Alger baie des bulles». La clôture a été marquée par une cérémonie de remise des prix aux lauréats des concours organisés à l'occasion de cet événement. Pour le concours international, le prix de la Meilleure bande dessinée en langue arabe a été décerné à Lina Mharedj et Maher Ali Samra (Liban) pour le livre Encore une année, tandis que le prix du Meilleur album est revenu à Dan et Galandon (France) pour leur album Tahia El Djazaïr. Le prix du Meilleur projet en langue étrangère a été attribué à Didier Kassaï (République centrafricaine) pour «Pouce-pouce» et le prix de la Meilleure revue aux publications Fourtou (Algérie) et Samendal (Liban). Par ailleurs, le 1er prix de la Meilleure affiche a été remis à Benali Youcef alors que le 1er prix «Jeunes talents» est revenu à Aïdaoui Tahar et celui de «Espoirs scolarisés» à Nariman Mezghiche. S'agissant des prix, Saïd Zanoun, le doyen des bédéistes algériens, a reçu le prix de la Reconnaissance. Le prix du Patrimoine a été décerné, à titre posthume, au bédéiste Sid Ali Melouah, qui a participé à la création, en 1968, de M'Quidech, la première revue algérienne de bande dessinée.