InfoSoir : Quelles sont les principales causes de la mortalité maternelle et infantile en Algérie ? l Le Pr Lebane : Les principales causes de la mortalité maternelle sont l'hémorragie de la délivrance, et en deuxième lieu, l'hypertension artérielle. S'agissant de la mortalité infantile, c'est l'infection materno-fœtale c'est-à-dire qui n'est pas due à l'hygiène hospitalière, mais c'est un germe transmis de la mère au bébé. Ce qui est différent d'une infection nosocomiale qui est contractée à l'hôpital. Comment peut-on réduire le taux de cette mortalité ? C'est d'abord un problème d'organisation de soins plus que de moyens. Tous les acteurs qui sont impliqués dans cette stratégie doivent travailler en collaboration. Si on continue à travailler chacun de son côté, toutes les actions seront vaines, il faut un rassemblement de tous les acteurs autour de cette question. C'est pour cela que j'avais proposé la dernière fois au forum d'El Moudjahid, des assises nationales de la naissance. L'objectif est de réfléchir sur cette idée parce que la naissance est la base du système de santé. Il faut assurer à la femme et à l'enfant une sécurité maximale, et c'est le principal rôle. La stratégie c'est surtout la coordination des différentes activités qui existent déjà, mais qui sont dispersées, donc il faut qu'il y ait une cohésion. Le second point qui est aussi important, est le renforcement de la formation des sages-femmes et des pédiatres, puisque aujourd'hui la mortalité néonatale représente 80% de la mortalité infantile. Il faut aussi aller vers les éléments du décret exécutif qui stipule qu'il faut mettre toutes les unités et services de néonatologie à proximité des maternités. Ce sont des expériences qui ont porté leurs fruits dans tous les pays développés, donc nous n'avons qu'à copier. Dans ce cadre, le ministère est impliqué dans cette action à travers le programme national de périnatalité. Ce programme résume tout, et maintenant il est question de le renforcer et de corriger les lacunes. Les mesures prises par le ministère de la Santé sont-elles suffisantes pour réduire le taux de mortalité ? Elles vont être renforcées. Et dans ce cadre précis, je suis optimiste puisque le ministère est hautement sensibilisé sur la question. La volonté politique y est, donc personne ne nous empêche de travailler, le ministère nous donne les moyens à travers ce programme pour avancer. Nous allons renforcer ce programme, car il faut passer la vitesse supérieure pour diminuer le taux de mortalité par rapport aux objectifs du millénaire, et cela est notre plus grand pari. Je pense que cela va donner de bons résultats. * Chef de service de néonatologie au CHU Mustapha-Pacha d'Alger