Un grand nombre de décès maternels et néonatals pourrait être évité par un plus grand professionnalisme dans les soins apportés lors de l'accouchement et de la période postnatale », introduit le Pr Djamil Lebane, conseiller auprès du ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, lors d'une conférence de presse hier au ministère. Un plan triennal a donc été adopté par la tutelle afin de réduire progressivement ce fléau qui « occupe la première place devant les autres causes de décès telles que le cancer ou les accidents de la circulation », précise le professeur. En effet, pas moins de 30 000 décès périnatals et néonatals sont répertoriés chaque année. Et quand ces nourrissons ne meurent pas, ils risquent, faute de soins et d'attention, une infection pouvant conduire à la morbidité ou au développement neurologique anormal tels que des troubles de la vision, une infirmité motrice cérébrale, la surdité ou encore l'autisme. « La solution en réponse à cette situation défavorable consiste à mettre en place une véritable politique périnatale et curative », propose Djamil Lebane. Les activités seront concentrées sur trois périodes : prénatale, pernatale et postnatale. En période prénatale, trois grands risques pour la mère et l'enfant doivent faire l'objet d'une surveillance accrue : le diabète, l'iso-immunisation rhésus et l'hypertension artérielle. L'objectif du ministère vise à réduire de 30 à 50%, d'ici 2008, la mortalité liée à ces complications. A ce titre, il est proposé de renforcer l'accessibilité et l'efficacité des consultations prénatales tout en axant sur l'intérêt des examens tels que le groupage de la mère et du père, la glycémie, l'albuminurie et sérologie. Même si les complications n'ont pas les mêmes conséquences, selon que le diabète se révèle durant la grossesse ou qu'il date d'avant, une attention particulière doit être dirigée à l'endroit de ces mères. Si l'examen de toutes les femmes enceintes par un obstétricien n'est pas encore possible, faute d'un nombre suffisant de spécialistes, il est prévu par le ministère de la Santé de mettre en place des consultations spéciales pour le diabète, l'hypertension et l'iso-immunisation rhésus auprès de chaque polyclinique tout en recyclant le personnel aux fins de le rendre opérationnel pour le dépistage de ces facteurs de risque. La stratégie d'action pour la période pernatale (pendant l'accouchement) vise à améliorer l'organisation de la salle d'accouchement en dotant les maternités de référence « d'une unité pré travail ». Ce qui devrait réduire de 30 % la mortalité maternelle liée aux complications de l'hémorragie de la délivrance et assurer la prise en charge efficace de 50% de l'ensemble des cas d'hémorragie ante partum d'ici 2008. De même, « afin de parer aux cas de forte hémorragie chez la mère, les perfusions doivent pouvoir se faire à tous les niveaux du système de la santé, et les services de transfusion sanguine doivent rester ouverts en permanence dans les hôpitaux », indique le conférencier. Concernant la période postnatale, l'objectif est de diminuer la mortalité néonatale liée à la maladie hémorragique de 50% d'ici 2008 et de 30 % pour la mortalité liée à l'infection materno-fœtale. Il s'agira de « renforcer le lien mère-enfant (allaitement maternel) en permettant aux mères de rester H24 auprès de leur enfant hospitalisé », suggère le Pr Djamil Lebane.