Causes n Le diagnostic tardif, l'ignorance des mamans et le manque d'organisation et de coordination des équipes médicales sont les principales causes des décès maternels dans nos hôpitaux. C'est ce qu'a avancé hier, le professeur Djamel Lebane, chef de service de néonatalité au CHU Mustapha-Pacha, dans une conférence débat animée au siège d'El Moudjahid. Le professeur Lebane a présenté le programme national de périnatalité et de néonatalité dont il est le coordinateur pour le compte du ministère de la Santé. L'éminent spécialiste a sévèrement critiqué le laisser-aller et le manque de prise en charge dans nos hôpitaux dans ce domaine. «Dans les pays développés et même chez nos voisins, la généralisation des soins obstétricaux d'urgence constitue aujourd'hui une priorité qui a réduit largement le taux de mortalité maternelle et infantile. Mais chez nous elle reste «très élevée», a-t-il souligné. Le professeur Lebane a insisté sur la nécessité et l'urgence de la formation en médecine dans ce domaine. «En actualisant la formation, on divisera par trois le taux de mortalité maternelle et infantile», a-t-il souligné. Il n'a pas omis non plus de stigmatiser l'absence et l'immobilisme de la société civile, laquelle, selon lui, «se mobilise pour les maladies orphelines, mais ne fait rien pour aider les pouvoirs publics a accélérer la mise en œuvre du programme national de périnatalité et de néonatalité». Il a souligné que dans de nombreux pays y compris chez nos voisins, ce sont les épouses de hautes personnalités politiques qui parrainent de tels programmes. Pour toutes ces raisons, selon lui, «nos femmes continuent de mourir par hémorragie (36,26%), rupture urinaire (16,48%), hypertension artérielle (12,8%) et infection (9,8%). Concernant les efforts de l'Etat pour lancer des actions prioritaires, le professeur Lebane a souligné que 2,7 milliards de dinars ont été débloqués à cet effet. «L'objectif principal est de réduire de 2/3 le taux de mortalité infantile et de 3/4 la mortalité maternelle. «Pour cela, il faut attaquer trois grandes périodes. Il faut renforcer l'accessibilité et l'efficacité des consultations à travers les dépistages de grossesses à risques au niveau des centres de références. Il y a aussi la période postnatale où le programme doit cibler l'identification et la prise en charge des maladies des nouveau-nés et tient compte de la prévention des maladies hémorragiques. Et enfin, le renforcement du lien mère-enfant où il s'agit d'abord de la promotion de l'allaitement maternel tout en permettant aux mères de rester 24h/24 auprès de leurs enfants hospitalisés tout en promouvant, protégeant et encourageant l'allaitement au sein», a expliqué, le professeur Lebane. De son côté, le directeur du bureau de l'Unicef à Alger, Raymond Janssens, a souligné lors de ce forum d'El Moudjahid que «l'Algérie a les moyens de mener à bien son programme national de périnatalité et de néonatalité. «Votre pays a les capacités et les moyens humains et financiers pour réduire la mortalité infantile et maternelle. On ne peut pas jouer avec la vie des autres», a-t-il déclaré. Par les chiffres l Le taux de la mortalité infantile et maternelle en Algérie est, selon le professeur Lebane, très élevé comparé à celui des pays développés et même des pays voisins et arabes. A titre d'exemple, 650 femmes meurent dans nos hôpitaux annuellement, à la suite d'accouchement. Elle représente 9 à 10% de la moyenne générale.Pour la mortalité infantile, 39,4 sur mille nouveau-nés sont morts en 1999. En 2006, ce taux était de 26,9 pour mille «une nette amélioration, mais le chiffre reste effrayant», selon le professeur Lebane.Pour 2007, les prévisions donnent le chiffre de 24,7 pour mille. Ces chiffres représentent donc entre 80 et 90% de la mortalité néonatale. A titre de comparaison, le professeur Lebane a donné quelques chiffres des pays étrangers. En Suède seulement 2,76, Singapour 2,29 et même en Sierra Leone qui est un pays du tiers monde et où ce taux n'est que de 14 pour 1 000.