Découverte n Un colloque international sur la préhistoire s'ouvrira demain à Sétif et se poursuivra jusqu'au 28 octobre. «Ce colloque d'envergure scientifique portera sur les dernières découvertes en Afrique», a déclaré, hier lors d'un point de presse, Slima Hachi, chercheur et directeur du Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques (CNRPAH). Et d'ajouter : «Placé sous le titre de "L'Afrique, berceau de l'humanité, découvertes récentes", ce symposium auquel prendront part d'éminents chercheurs et des scientifiques (historiens, géologues, paléontologues et anthropologues), mettra en exergue l'importance des découvertes scientifiques faites dans notre continent.» Le colloque sera axé sur quatre thèmes, à savoir : Les premiers hominidés et leur environnement, Emergence de la technologie lithique et l'Oldowayen, Emergence et évolution de l'Acheuléen et Migration des premiers hominidés en dehors de l'Afrique. Il est à noter que ce colloque s'inscrit dans le cadre du programme du 2e Festival culturel panafricain, organisé à Alger du 4 au 20 juillet dernier. Mohamed Shanoun, chercheur et coordinateur des travaux, a, de son côté, déclaré qu'à travers ce colloque, «nous allons faire ressortir l'importance de l'Afrique dans les études des origines et de l'évolution de l'homme». Et d'expliquer : «Comme on le sait, et sans conteste, toutes les découvertes, que ce soit des restes d'hominidés ou de restes culturels accompagnant ces restes hominidés, ont eu lieu sur le continent africain. Pour dire que l'Afrique est le berceau de l'humanité où sont apparus les premiers hommes.» Ainsi, lors de ce colloque, seront exposées et communiquées les découvertes récentes qui, selon Mohamed Sahnoun, ont changé considérablement les modèles de l'origine et de l'évolution de l'homme. «Les recherches récentes qui ont été effectuées dernièrement en Afrique sont très pertinentes et commencent déjà à modifier les modèles – et la lecture – sur l'apparition des premiers hommes en Afrique», a indiqué Mohamed Sahnoun, soulignant : «avant, on pensait que les premiers hominidés ont été découverts seulement en Afrique de l'Est. Mais les nouvelles recherches et découvertes ont démontré que les premières phases de l'origine de l'homme n'ont pas eu lieu seulement en Afrique de l'Est. Tout le centre africain était un centre, un foyer de l'évolution de l'homme.»Cela revient d'emblée à dire que même l'Afrique du Nord «a joué un rôle de toute première importance dans le peuplement du monde comme la première étape de l'Afrique de l'Est ou sahélienne».«L'Afrique du Nord, vu sa proximité avec l'Europe, était pour les hominidés (ces premiers hommes) un passage obligé vers le reste du monde», a-t-il relevé. D'où les recherches et découvertes effectuées en Afrique du Nord et plus précisément en Algérie à Aïn El Hnach (Sétif). «Les résultats à Aïn El Hnach illustrent et démontrent cette importance et cette pertinence, à savoir l'expansion des hominidés vers l'Europe et le reste du monde», explique Mohamed Sahnoun. Parlez-nous du site Aïn El-Hnach Le site Aïn El Hnach a été découvert durant les années 1950. Il a été fouillé, mais mal, en tant que site paléontologique. Les fouilles ont repris dans les années 1990 et nous avons découvert d'autres localités adjacentes. Nous avons publié les résultats de nos recherches et nous allons exposer, à l'occasion de ce colloque, les derniers résultats de nos travaux. A travers ce colloque, nous allons faire ressortir l'évolution biologique et culturelle de l'homme, et ce, à travers les découvertes des plus anciennes industries. Les travaux du colloque vont être classés en quatre thèmes. Ces résultats feront-ils l'objet de publication ? Les travaux seront publiés. Nous avons accompli sur le site onze campagnes de fouilles systématiques. Et nous avons commencé à publier nos travaux à partir de 1998 dans des revues américaines ou françaises. Que cherchez-vous à démontrer ? Déterminer l'âge de la plus ancienne occupation de l'homme en Afrique du Nord (elle remonte 1,8 million d'années). Parce qu'avant, on pensait que la plus ancienne présence de l'homme en Afrique du Nord remonte à moins que ça. Ça a repoussé l'âge de la première présence de l'homme en Afrique du Nord à 800 000 ans. Nous avons découvert toute une industrie lithique associée à des restes fauniques aujourd'hui disparus, qui reflètent une écologie de savane, très similaire à celle de l'Afrique subsaharienne. Nous avons découvert une technologie lithique très similaire à celle que a été découverte en Afrique de l'Est, ce qui prouve l'apparition des premiers hommes en Afrique du Nord. Nous avons également détecté les changements climatiques. Nous avons mis au jour des comportements humains, voire de ces pré-humains de l'Afrique du Nord. Tout un éventail de données et de résultats qui attestent la présence des hominidés en Afrique du Nord.